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Guide de survie en période de grève - Texte

Texte "Guide de survie en période de grève" est un texte détente mis en ligne par "Emmalys"..

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Guide de survie en période de grève

(à l'usage des banlieusards)

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   Vous en avez marre des grèves SNCF et RATP ? Vous avez appris par cœur le plan du réseau francilien et pourtant vous arrivez toujours en retard à votre boulot ? Vous voulez de vraies solutions pour pouvoir circuler en toute liberté sans être pris en otage par ces terroristes gauchistes de cégétistes et ce, sans vous ruiner ? Alors ce guide est fait pour vous !

   En tant que fonctionnaire et donc feignasse privilégiée, il m'arrive également parfois de devoir me rendre au travail, histoire de remplir le frigo entre deux jours de grève pour me remettre de mes émotions.

   Après avoir épluché nombre d'articles et de recommandations sur le sujet, et éprouvé autant de solutions miracles, j'ai trouvé LES parades infaillibles pour me déplacer sans perdre mon temps et mon argent.

   La première parade que l'on recommande souvent ailleurs, c'est le télé-travail. Oui bon, sauf que cela ne fonctionne que dans certains cas. Si vous êtes ouvrier, boulangère, maçon ou hôtesse de l'air, cela risque d'être compliqué. Donc pas le choix, quand faut y aller, faut y aller.

Avant de commencer, il va falloir faire tomber une barrière mentale et accepter que, quelque-soit votre mode de déplacement, votre temps de trajet sera doublé, voire triplé. C'est comme ça : moins de trains donc plus d'attente, des risques d'embouteillages et de crise de nerfs. Quoi qu'il arrive, vous n'échapperez pas à votre dose quotidienne de bousculades et d'empoignades féroces.

   Une fois ce cap psychologique franchi, il va falloir choisir votre mode de locomotion, voire, si comme moi vous avez 50 kilomètres ou plus à couvrir, vos modes de locomotion.

Choix numéro 1 : Le co-voiturage

   Pas rentable à moins d'avoir un pote qui fait le même trajet que vous et accepte de partir à 5 heures à cause des 300 kilomètres de bouchons déjà accumulés depuis deux heures sur le périphérique.

   Si vous passez par un site de co-voiturage, le calcul est vite fait : 75 euros de pass navigo mensuel pour prendre-le-train-qui-n'est-pas-passé auquel on enlève encore 60 euros de tarif de co-voiturage pour une journée de travail qui vous rapporte 54 euros net si vous êtes au SMIC...

Bah autant rester couché hein ! On ne va pas bosser gratuitement, non plus.

Notez qu'à moins d'être cadre supp', le taxi est volontairement écarté de notre séléction.

Choix numéro 2 : Le vélo ou la trottinette

   Le bon plan si vous avez entre 5 et 15 kilomètres de trajet, une bonne vue, un casque et que le slalom au milieu des voitures et des piétons ne vous effraie pas. 

Attention : Ne mettez surtout pas de gilet jaune si vous ne voulez pas vous faire embarquer en garde à vue, cette couleur est implicitement prohibée depuis le 5 décembre 2018. Vous seriez alors définitivement en retard au travail et ce se serait franchement dommage vu l'énergie dépensée pour être ponctuel.

Choix numéro 3 : Les transports en commun

  Vous prenez votre courage à deux mains et vous décidez de tenter votre chance en train ou en métro.

   Voici quelques recommandations particulières pour ce moyen de locomotion à haut risque en période de grève.

* Avant le jour J, toujours consulter les tableaux horaires disponibles en ligne afin de savoir de combien d'heures vous devrez reculer votre réveil pour arriver dans les temps.

  Sachez cependant que ces tableaux ne sont qu'indicatifs et que vous avez de grandes chances de vous retrouver le lendemain devant des gilets rouges de la SNCF, qui, la mine dépitée, vous informeront que votre train a une heure de retard pour cause de (barrer la mention inutile) malaise voyageur, problème de fermeture de porte, obstacles sur la voie...
   

*  Le jour J : Après avoir longuement hésité entre rentrer vous recoucher jusqu'à une heure décente, téléphoner à votre employeur pour lui dire que vous êtes malade ou patienter sur le quai en tapant des pieds pour vous réchauffer, la silhouette de votre train se profile miraculeusement à l'horizon et une foule dense se presse déjà dangereusement au bord des rails.

   Surtout, restez bien en arrière pour éviter de vous faire écraser , on se faufile plus facilement devant les portes en contournant la cohue qu'en étant coincé au milieu. 

  Une fois le train à quai, épaules rentrées, pratiquez la technique du slalom pour vous glisser au milieu des opportuns qui voudraient doubler, cela permet d'éviter ceux qui arrivent en bulldozer en écartant tout sur leur passage : on se met de profil et on avance on zigzag jusqu'au point d'arrivée.

*  Ne cherchez pas, vous n'aurez pas de place assise et la place que vous obtiendrez n'existait pas dix secondes plus tôt.

 

*  Une fois à l'intérieur, trouvez impérativement un point d'appui pour ne pas perdre l'équilibre au démarrage du train et placez judicieusement vos pieds pour vous assurer une certaine stabilité.

  Si vous manquez de place, des éternuements bruyants ou des quintes de toux répétées peuvent permettre de vous dégager un peu d'espace.

  Il ne vous reste plus qu'à atteindre votre destination en apnée et sur la pointe des pieds. Ces conseils sont également valables pour le métro ou le tramway.

Avantage : Ce mode de déplacement facilite les rapprochements et pas seulement au sens littéral. Eh oui, pas assez de place pour sortir le portable, les regards ne sont plus vissés sur les écrans. Entre exaspération, solidarité ou auto-dérision, il y a de grandes chances pour que vous partagiez une certaine connivence avec vos voisins.

   Qui sait, vous en profiterez peut-être pour dégoter un pilote de co-voiturage, histoire de vous tirer de ce guêpier ?

Inconvénient : Vous piétinez allégrement la bulle d'espace vital desdits voisins, attention, certains risquent d'être chatouilleux !

NB : Cette option risque de développer chez les personnes sensibles un fort sentiment d'agoraphobie.

        Nous écartons volontairement l'option bus : à raison de 2 kilomètres par heure en circulation "fluide", vous irez plus vite à pied.

Choix numéro 4 : la marche à pied

   En bon citadin, vous utilisez le métro ou le tramway sans descendre une station avant votre destination comme le préconise pourtant tous les médecins sponsorisés par le service public ? Et bien c'est le moment de vous y mettre! Pourquoi ? Déjà vous échapperez à la foule, ce qui n'est pas du luxe quand on passe les deux tiers de son trajet compressé; et puis en cette saison, vous éviterez que l'on vous tousse allégrement à la figure ou que l'on vous éternue sur la manche.

   Sans compter la crise d'apoplexie que vous n'aurez pas puisque vous n'aurez pas à maudire la fichue poussette qui est venue obstruer le micro-espace entre vous et la porte de sortie ou le sinistre crétin qui vous aura ravi sous le nez l'unique place assise disponible.

Avantages : Une semaine à ce régime et vous pourrez déchirer votre abonnement à la salle de sport.

Vous aurez également tout le loisir d'admirer notre belle capitale, même si c'est au pas de course et même si votre GPS vous égare dans des ruelles peu engageantes.

Inconvénient : Prévoyez une bombe lacrymo pour la ruelle, on ne sait jamais.

Au-delà de 10 kilomètres par jour, notre journaliste de terrain (moi) nous indique que le rythme n'est pas tenable.

NB : Prévoyez une bonne paire de chaussures, des vêtements chauds ainsi qu'un en-cas revigorant, en particulier le soir lorsque la fatigue se fait sentir.

   Nous vous conseillons à cet effet le gâteau au miel et aux épices dont la recette se trouve en annexe de notre guide, qui, en plus de vous donner un coup de peps vous prémunira contre les petits maux de l'hiver.

Choix numéro 5 :Faire grève !

Bah quoi, c'est une option comme une autre, non ?

Certes, pas économique à court terme mais après tout, il s'agit d'un investissement sur plusieurs années.

Avantage : Vous aurez la certitude de ne pas dormir à la gare ce soir.

Inconvénient : Prévoyez une armure si vous allez manifester, le brouillard est particulièrement toxique cette année.

Choix numéro 6 : Vous n'êtes pas banlieusard...

Vous n'habitez pas dans une métropole. Du côté de chez vous, il y a un bus par heure, la gare a fermé il y a dix ans et la grève, vous la vivez devant la télé, stupéfait de voir les marées humaines envahir les quelques trains à quai.

  Mais qu'est-ce que vous faites-là, alors ? Vous vous êtes égarés ?

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Auteur

Blog

Emmalys

12-01-2020

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Guide de survie en période de grève appartient au recueil Petites galères du quotidien

 

Texte terminé ! Merci à Emmalys.

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