"Elle est avec moi !" est un texte mis en ligne par
"Deogratias"..
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Elle est avec moi ! Mon amie est peut-être en train de mourir et je ne le sais pas. Sa fille est auprès d’elle, je ne peux avoir de nouvelles, elle lui prodigue les bons soins que j’aurai tant voulu lui apporter. C’est bien normal. Je ne suis pas de la famille. Ils n’ont même pas mon numéro de téléphone. Et je n’ai pas le leur. Je reste là sans informations, sans le moyen d’en obtenir.
Mon amie est peut-être en train de mourir et je ne le sais pas. Comme à chaque fois que la Vie emporte une amie loin dans le ciel si désiré, c’est par un appel, tombé comme la foudre, que j’apprends sa mort. Les familles se réunissent et l’accompagnent vers le voyage d’Amour. C’est bien légitime. Je ne suis pas de la famille. Ils ne peuvent pas savoir. Le sentiment d’appartenance est un joyau précieux. Je reste là, sans connaître la suite, sans possibilité d’être avertie.
Mon amie est peut-être en train de mourir et je ne le sais pas. Ou plutôt si, je ne le sais que trop. Elle va partir enfin sur les grandes ailes de l’Oiseau Divin, parcourir les étendues si vastes d’une nature intacte. Elle va découvrir l’immensité de l’Amour gratuit sans revendication, sans limite et sans contrepartie. Les familles se regroupent pour vivre ce grand moment où je ne suis pas conviée. C’est bien logique. Je ne suis pas des leurs. Ils n’ont même pas l’idée que mon portable est froid dans l’attente de leur appel. Je suis avec la compagnie solitaire de mes pensées voyageuses. Je reste là, sans savoir où elle est maintenant, sans qu’ils puissent trouver le chemin qui mène à ma vie. Suspendue par l’absence.
Mon amie est peut-être en train de mourir et je ne le sais toujours pas. Elle vole sans doute déjà dans les prairies rieuses à la rencontre de l’Au-delà. Elle y vit ce que Thérèse d’Avila disait après une rencontre avec la maladie : « Les premières personnes que j’ai vues là-haut, c’est papa et maman ! ». Oh les jolies retrouvailles !...Et Mère Thérésa : « Je vais enfin rentrer à la Maison ». Et Thérèse la Petite de Lisieux : "Je ne meurs pas, j'entre dans la vie !". Oh le beau retour vers chez soi ! Vers l’enfance éternelle ! Vers le bonheur irradié par l’Amour ! Pour toujours ! Toujours ! Toujours ! Ils sont près d’elle et je ne le suis pas. Ils sont là réunis auprès de son corps à la regarder voyager tandis que moi, esseulée, je reste là, dans le silence d’une solitude à la vertu méditative. Entre le Ciel et la Terre.
Mon amie est peut-être en train de mourir et je ne sais toujours pas ce qui me retient de pleurer. Guérira-t-elle une fois encore pour rester près de moi encore un peu, rien qu’un peu, quelques semaines ou quelques mois ? Juste le temps de s’aimer, de se le dire ou le chanter ? Ou bien dois-je célébrer déjà le grand Retour à la Vie sans fin qui nous attend tous un jour ? Est-elle ivre de bonheur, remplie d’amour dans les demeures du Père ? La mort n’est pas morbide dès qu’on cesse de la cacher. Ce qui est triste c’est de vivre sans l'Espérance des fins dernières. La mort donne un sens à la Vie. A-t-elle revu ses enfants partis trop tôt et les anges qu’elle aimait tant ? Ils sont là, rassemblés en un moment de douleur dans leur histoire. Je reste là, perdue dans ma chambre, à attendre la fin ou le début. Un peu comme en apesanteur.
Mon amie est peut-être en train de mourir et si vous saviez ce qui me traverse ! Chahutée par la joie des Bienheureux qui la serrent dans leurs bras et la tristesse d’un mouchoir sur le quai des départs. Vais-je bientôt la revoir ou bien dois-je lui dire « A Dieu ! » ? Elle est peut-être déjà dans la Vision Béatifique, dans le Paradis d’une allégresse entonnée par les chœurs angéliques. Ou bien dans l’Antichambre de l’Éternité ? Qu’importe, je sais moi qu’elle est belle à ravir. Le chemin qui la conduit n’est que Pardon. Je sais moi que la Tendresse la guide dans une étreinte cœur à cœur avec son Dieu. Ils sont tous avec elle tandis que je suis sans nouvelles et sans recours. Je reste là, inondée dans la joie douloureuse d’un Ciel impatient de la cueillir. Va-t-elle me revenir ? Je suis transie par la saison des pluies.
Mon amie est peut-être en train de mourir et je ne sais pas ce que je ressens sinon l’Espérance indéfectible que c’est bien là le vrai : la mort est un passage. Rien d’Halloween, rien à cacher. Elle viendra, c’est sûr, bientôt. Elle viendra chercher mon amie. Juste à temps. Ce temps qui vient toujours et qu’on ne veut pas voir. La mort viendra quoiqu’il arrive. Si j’oscille encore un peu entre les larmes et le sourire, un jour pourtant, je n’hésiterai plus. La mort viendra quoiqu’il arrive. Bientôt je le saurai. Sont-ils toujours près d’elle à lui donner quelques remèdes encore ? Je reste là sans apprendre ce qu’il en est. Qu’importe après tout. Je suis avec elle.... Elle est avec moi.
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Elle est avec moi !
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