Ecrire et lire, critiquer, se re... - Coup de gueule

Ecrire et lire, critiquer, se retenir...

« Gloire à la plume…

                                          … Si difficile à prendre et pourtant à la fréquentation si magique »

Nous tous qui sommes ici avons connu l’angoisse de la page blanche alors que les mots étaient au bord de nos lèvres ce jour-là, puis le bonheur de la rédaction et enfin la plénitude de la pose du point final.

Flirter avec les mots, valser sur les lignes. Les plus grands ont tous écrit un jour ou l’autre les orgasmes qu’ils avaient vécus la plume à la main, l’écriture est une maîtresse voluptueuse.

Ecrire, voilà mille choses, toutes différentes. C’est tordre le cou à nos fantômes dans l’intimité, c’est crier au monde sa peur, c’est donner l’alerte, c’est dénoncer. C’est transmettre du beau, c’est messager Hermès, c’est transmettre aux générations futures le témoignage d’un passé lourd des richesses d’une vie.

Chacun à sa manière, chacun dans son style. J’ai l’extraordinaire chance d’être lue, j’ai l’immense plaisir de lire mes coparticipants sur le site. Nous avons tous à dire différemment. Lui, sous forme d’alexandrins puisqu’il est un passionné de classicisme, elle sous forme de vers libres parce que Prévert a secoué la littérature trop poussiéreuse stockée sur les étagères d’un grenier oublié. Ce dernier en prose.

Qui serait assez téméraire pour me dire que les alexandrins sont les lettres de noblesse de la littérature française ?

Et quant bien même Prévert n’aurait pas été, dans quel grimoire, dans quel dictionnaire, dans quelle constitution les règles d’or de l’écriture sont-elles consignées ? Tout ce qui n’évolue pas est condamné à une mort certaine. Quel ennui, Seigneur, si nous fabriquions tous du Molière !

Il est fragile celui qui écrit. Ecrire c’est s’effeuiller et poser des petits morceaux de soi-même aux yeux du monde. C’est très difficile à réaliser.

J’enseigne les lettres et l’art. La partie la plus difficile de mon métier est la correction. Corriger pour permettre au lecteur d’évoluer sans le blesser, sans jeter un seau d’eau sur l’étincelle qu’il a essayé d’embraser en prenant la plume. Nous autres enseignants savons combien nous pouvons tuer la réflexion chez un élève en commentant devant toute la classe. L’humain est pudique et chacun a le droit de l’être plus ou moins. Il ne s’agit pas d’encenser bêtement. Il s’agit de dire publiquement la critique constructive et de garder le reste pour l’entretien privé.

Un auteur choisit ses mots, sa syntaxe. Pour se permettre de corriger un auteur, il faut le connaître au-delà de la simple lecture de ses textes. L’élu de mon cœur est auteur. Nous avons de vraies joutes quant au choix du nombre, du genre, du temps…

En écriture la rigidité est un choix mais elle ne peut pas être de mise pour tous. Combien d’auteurs ont vu la boucle sur laquelle ils s’étaient placés se désagréger. Le souffle est devenu court puis s’est éteint.

Corriger l’orthographe pourrait se faire par message personnel peut être…

C’est fragile un auteur. Ecrivain est un métier, mais l’auteur est celui qui prend la plume.

De grâce, pas de viol.

Respectons les lignes de chacun, elles sont écrites avec le cœur. Chacun fait l’immense honneur à son groupe d’amis en plume de venir abreuver le réservoir de nos passions, de nos curiosités de lecteur.

Ca. Valmalette

13-12-2014