Coeur de Chair - Texte court

Coeur de chair

« J’ôterai de votre corps le cœur de pierre et vous donnerai un cœur de chair » (Ez.16-26)

Je me lève ce matin. J’écoute les actualités, je ne vois que barbarie, morts, chagrins, crimes et violences.

Partout la guerre, partout l’horreur. La vie est une tragédie.

Pourtant, pourtant, là, devant mes yeux incrédules, une grande lumière s’est levée, elle scintille comme une étoile dans la nuit de nos désespoirs. Elle est devant moi, fière, si belle avec ses longs cheveux bruns qui lui coulent dans le dos.

Elle marche droit devant comme un drapeau dans le vent.

Qu’elle est forte, qu’elle est belle cette lumière au milieu de notre monde obscur.

Elle est l’oiseau qui se joue des tempêtes, elle déploie ses ailes, le visage décidé.

Pourtant, pourtant, j’ai vu cette jeune fille qui avançait, debout comme la Vierge au pied des tortures, elle marchait mais elle n’avançait pas. Ses pas sont une danse, une arabesque merveilleuse.

Elle est devant moi, droite, si belle avec ses bras croisés sur le ventre en forme d’infini.

Elle illumine aux allentours comme le soleil à son zénith.

Elle aveugle tous les autres autour, par ses pas, ses petits pas bien décidés.

Elle est la grâce des hirondelles au retour du printemps, elle s’étire, elle s’étend, elle me bouscule.

Pourtant, pourtant, son allure en forme de papillon extasie mon regard émerveillé.

 Je l’ai vu, oui, j’ai bien regardé. Je n’ai pas rêvé.

Elle m’éblouit par son audace, par sa petite culotte rayée de liberté, par ses tours et demi tours bien décidés.

Elle est un vaisseau gigantesque sur la marée noire de la cruauté, elle vogue, elle est déjà plus loin que nous.

Pourtant, pourtant, ne me dites pas que vous n’enviez ni sa vertu, ni son courage, ni sa beauté.

Elle défie le temps, le menton droit devant, les yeux levés, la peau nue, bien décidée.

Elle irradie tout autour comme l’éclair, comme l’orage, comme la foudre.

Elle est un cœur de chair dans un monde de pierres.

Elle est tendresse, elle est libre, elle est femme, elle m’arrache les larmes.

Elle s’amuse, elle tourne, elle s’en va tellement plus loin que nous.

En vérité, qu’est-ce que j’ai vu ?

J’ai vu un cœur de chair flotter sur la mer, au milieu des récifs aux cœurs de pierre.

J’ai vu une âme de chair qui volait bien haut, au-delà des lapideurs de pierres.

J’ai vu sa chair illuminée, plus belle que tous ces hommes durs comme pierre.

J’ai vu son nom inscrit dans ma chair, bien plus profond que sur la pierre :

AHOU DARYAEI

Ecrit dans le cadre d'un atelier d'écriture.

Thème : Coeur de Pierre.