Connexion : supprimer Ou

Chez le coiffeur africain... - Tranche de Vie

Tranche de Vie "Chez le coiffeur africain..." est une tranche de vie mise en ligne par "Cathou inafrica"..

Venez publier une tranche de vie ! / Protéger une tranche de vie

 

 

Chez le coiffeur africain...

 

0793fe802a6a49902ac51afd83b3a1a91d92acb9.jpg

Quand aller chez le coiffeur devient un acte de civilisation...

Combien de coutumes se cachent derrière de simples quotidiens ?

J’ai débarqué au Maroc avec mes cheveux blancs (Mon père me les a offerts en héritage à 20ans...) habituellement épinglés en chignon. Les marocaines ont été surprises mais leurs conseils de couleur n’étaient liés chez elles qu’à la récente découverte de ce que nous appelons en Europe, communément et depuis fort longtemps, la mode. La plupart d’entre elles sont foulardées et elles gardent leur toison pour leur mari ou des fêtes entre femmes. Ma blanchattitude ne les interpellait donc pas outre mesure !

Passant les portes de l’Afrique noire, me voici confrontée à un tout autre comportement : les femmes n’ont pas attendu une journée pour venir s’asseoir autour de moi et tenir palabre. Le sujet était d’importance : comment faire entendre raison à la toubab (femme européenne) qui ose afficher des cheveux blancs ? Comment lui faire admettre qu’ici la blondeur suédoise est une parure inestimable pour celle qui peut l’exhiber quelle que soit l’origine, naturelle ou résultat d’une bonne décoloration de salon ? Les cheveux des africaines décolorent orange, même s’il est la conséquence du pinceau et de l’oxygène, elles ne peuvent s’offrir le blond à aucun prix.

Le blanc est légion ici. Il n’est que la preuve d’une très grande vieillesse. Dans un pays où l’espoir de vie ne dépasse guère 45 ans, avoir des cheveux blancs, c’est devenir une ancienne et plutôt qu’en être fière, la blancheur est synonyme de décrépitude… C’est afficher l’âge de ne plus procréer dans un pays où la seule reconnaissance qu’a la femme, c’est la maternité sans laquelle elle n’aurait pas plus de valeur qu’une poule.

De plus, les africaines, même les plus pauvres, apportent beaucoup d’attention à leur apparence et ici, toutes les femmes portent perruque. Cheveux courts, tresses plaquées (les cheveux courts mesurent tous au moins 15 cm une fois détendus), elles sont ravies d’afficher de longues mèches raides et soyeuses ou de courtes boucles de pâtre grec.

J’ai beau leur expliquer que l’hérédité paternelle a déposé le blanc dans ma corbeille de baptême, elles croient que je parjure !

 

Mais la palabre, c’est la force des africains et j’avoue qu’au bout d’une année de conciliabules, j’ai cédé. Me voila en route pour le seul véritable salon de coiffure existant en Gambie, le salon de l’école de coiffure de Vicky, ma voisine, qui n’en peut plus de se savoir l’élue.

J’explique que je veux retrouver ma couleur d’origine, soit blonde, mais que je veux un blond très clair. Ravie, Vicky toute ouïe, qui ne confie la tâche à personne, me propose sa palette et mon choix se porte sur le blond blanc de Marilyn. (Pour la petite histoire, le blond est si rare qu’il a fallu traverser la ville pour aller acheter la mixture !)

Trois heures plus tard, nous sommes une bonne trentaine dans le salon à attendre, fébriles, de voir apparaître ma nouvelle crinière. Vicky a officié devant ses élèves réunies, ce n’est pas tous les jours qu’elles assisteront à telle opération !

Je ne savais pas qu’en un instant, j’allais devenir l’icône de Vicky’s salon.

Stupeur… mes cheveux sont restés... blancs. Et là, ne s’inquiétant absolument pas de savoir si le produit est périmé ou d’accuser Shwartzkopf de fabriquer des synthèses de pacotille comme cela aurait été immédiatement fait chez nous, les apprenties, sans voix, bouche bée devant leur Sainte patronne, entendent en wallof, le verdict tomber de la bouche de leur maîtresse : « Les ancêtres n’ont pas voulu qu’elle change sa couleur, ça lui donne sûrement un pouvoir mais elle ne le sait pas»

Vous savez quoi ? Certaines apprenties ne veulent plus me coiffer… ignorant ce que je pourrais leur communiquer ou leur faire. Je pense que Vicky va manier les ciseaux avec beaucoup de précaution à l’avenir et plus personne ne me parle de teinture.

Ca. Valmalette

30-12-2014

Partager

Partager Facebook

Auteur

Blog

Cathou inafrica

30-12-2014

Couverture

"Soyez un lecteur actif et participatif en commentant les textes que vous aimez. À chaque commentaire laissé, votre logo s’affiche et votre profil peut-être visité et lu."
Lire/Ecrire Commentaires Commentaire
Chez le coiffeur africain... appartient au recueil Ma route en terre d'Afrique

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Cathou inafrica.

Tous les Textes publiés sur DPP : http://www.de-plume-en-plume.fr/ sont la propriété exclusive de leurs Auteurs. Aucune copie n’est autorisée sans leur consentement écrit. Toute personne qui reconnaitrait l’un de ses écrits est priée de contacter l’administration du site. Les publications sont archivées et datées avec l’identifiant de chaque membre.