Jenny Le 12-03-2024 à 23:41
Un très beau poème sur tous ces regards, les leurs, les tiens et les émotions qui en filtrent ; les leurs, les tiens. Plus personne ne fait véritablement attention aux autres, les regards ne se croisent plus vraiment non plus ; ils s'évitent et évitent même de se croiser quand on voudrait le faire pour x raisons. Un prétendu mauvais regard condamne de facto. Regarder, c'est devenu intrusif dans bien des circonstances. Auparavant, les gens se croisaient, se disaient 'bonjour', se souriaient et poursuivaient leur chemin. Certains regards témoignent de grandes douleurs, d'autres d'indifférence au monde qui les entoure. Voir, c'est d'abord le vouloir ; on n'entre pas en contact comme ça, il faut aussi tendre l'oreille, écouter ce qui se joue dans le silence. La course au temps a oublié que ce n'est pas le temps qui nous tue, mais notre refus et parfois audace de rompre certains silences qui cherchent un écho. L'obligation de se protéger parce que c'est imposé finit par ronger notre spontanéité censée être naturelle et de bon sens. La fête des voisins était sans doute une tentative pour oser les regards... Amicalement, Jenny 🌛
Deogratias Le 13-03-2024 à 4:27
Bonjour Jenny, merci pour ce partage. Depuis que je suis en Haute Loire, j'ai remarqué que les gens se disaient "bonjour" même sans se connaitre et poursuivaient leur chemin. Ce qui, pour moi, est très frustrant. A Paris, où j'ai vécu la plus grande partie de ma vie, personne ne se connait, tout le monde se croise sans un regard, sans un bonjour, sans rien. C'est froid. Paradoxalement, j'aimais mieux cet anonymat là, cela me paraissait plus logique "ni vu, ni connu". J'étais habituée à ce fonctionnement sans pour autant l'apprécier...Ici, c'est des "bonjour" à la volée ...mais après ? Rien ! Absolument rien !...Je ne sais que penser...Sans compter le royaume des "ragots", ça, c'est quelque chose de tout à fait nouveau pour moi. En arrivant en province, j'ai découvert des moeurs parfois totalement étrangers à mes habitudes...Quant aux regards, ce n'est pas facile en effet..Je me demande moi comment on entre en contact avec les autres. Par le regard ? Par les mots ? Alors, j'improvise et mon Tagada m'y aide beaucoup. Avec un chien, un enfant ou de fleurs, une plus grande spontanéité s'installe. Ce qui n'empêche pas pour autant ma difficulté personnelle ...Quant à la fête des voisins, il y aurait beaucoup à dire. C'est un catho je crois qui a créée cette fête. Cela part d'un bon sentiment. Surtout dans certains quartiers...Mais je peux t'assurer qu'ici dans mon immeuble, il y a longtemps que plus personne ne la prévoit ni ne se porte bénévole pour la mettre en place. Par contre, les gens se plaignent des uns et des autres...Et j'ai même eux voisins qui ont porté plainte à la police l'un contre l'autre. Avec une telle ambiance, la fête des voisins tournerait au pugilat...Beaucoup de misères sociales et humaines qui me semblent difficiles à gérer (alcoolisme, pathologies psychiatriques, culture différente..). Jai de nouveaux voisins ivoiriens. Ils ont l'air sympa. Mon autre voisine, voilée de la tête aux pieds, déménage dans un mois. C'est un vrai crève coeur pour moi car je m'entendais bien avec elle et ses enfants...Malgré nos différences dont jamais je n'ai vraiment parlé avec elle...J'appréhende l'avenir. Quelle famille viendra à sa place ? Seront-ils respectueux ? J'ai une autre voisine, elle aussi voilée, dont le regard justement me pose problème. Alors je l'évite. Je ne sens pas une franche envie d'aller plus loin que le simple "bonjour" de convenance que je déteste et qui n'a pas beaucoup de sens...oui, "l'obligation de se protéger" tue toute spontanéité. Mais pas le choix. Surtout quand on est une femme seule, de surcroît, soeur d'un membre de la famille dont la profession attire bien des injustices...le bouche à oreille va vite...Le bouche à oreille : tu vois cette expression que je viens d'écrire ? Le bouche à oreille ! Et le "regard au coeur " ?...C'est cela qu'il faudrait...Mais tu sais comme moi que le monde idéal n'existe pas...Et si je suis particulière, je n'en demeure pas moins tout aussi maladroite, injuste sans doute et tout aussi imparfaite que tout le monde quand il s'agit des relations. ...Comme je le disais à Kruuz, on passe notre temps à juger. Au lieu de dire : "Je suis en colère j'aurai besoin de me calmer", on dira plus volontiers : "Tu m'as mis en colère, c'est ta faute, fallait pas me dire cela !"...De cette violence ordinaire et continuelle qui nous caractérise, vient bien des fermetures aux autres et au monde...Moi la première, je juge. On juge tous. ...Le regard triche moins il me semble que les mots. C'est peut être pour ça que j'y suis tellement sensible...A bientôt Jenny. Bonne journée. Sylvie.