Bibliothèque : Toutes les Histoires

Histoire Courte

En ce temps-là, les animateurs télé faisaient l'objet de mesures de protection rapprochée permanentes. Ce qui avait débuté à la façon d'un simple quoique choquant fait divers - un animateur de second ordre lynché sur un marché populaire - avait viré à la vitesse de l'éclair au phénomène de société. Bien que désormais hors d'usage, l'animateur refroidi avait fait des petits. Comme il s'agissait de " quelqu'un de la maison ", les chaînes " touchées en leur propre chair " s'étaient empressées d...

Histoire Courte

. D’apprendre que tu étais née l’année où le Titanic a coulé, ça ne t’a fait ni chaud ni froid. J’avais découvert cette coïncidence tout à fait par hasard, ce devait être en 76, 77 ou 78 grand maximum. Une bonne dizaine d’années avant que l’épave ne soit localisée, et à ce moment-là l’histoire n’était vraiment pas dans tous les esprits. On était tellement mal informés que je t’avais raconté que tu étais née le jour même du naufrage, ce qui était faux : il s’en fallait de trois mois et quelque...

Histoire Courte

Sur la table dressée, je la vois consumée, déformée de douleur par l’absurdité de sa futilité, par l’absurdité de son inutilité. Flamme vacillante ; ombre de lumière tamisée, resplendissante dans les ténèbres d'un lourd silence. Abandonnant sa dernière lueur encore tiède d'un ultime espoir de briller sur son pied en cristal. Je suis la femme de l’Ombre… Celle que tu balayes d’un trait de SMS, d’un bref coup de fil entre deux rayons de tes nombreux soleils. Celle que tu poursuis les jours de s...

Histoire Courte

M o u c h e Anomalie en cellule. Elle est revenue. Calme pour l’instant, mais je ne pense pas que ça va durer. Hier matin j’ai cru que j’allais devenir fou. Elle était agitée et me tournait autour bruyamment, sans jamais se poser. Il faisait lourd, orageux comme aujourd’hui, mais à présent elle a l’air plutôt sonnée. Où alors elle m’attend au tournant. Je sais bien que j’ai des choses à me reprocher, je n’ai pas toujours fait le bien. Elle le sait également, presque mieux que moi, comme douée...

Histoire Courte

Le grand chef en personne était descendu de son Olympe pour s'adresser à lui, faisant claquer la porte et ses talons de personne importante, comme le cow-boy fait tinter ses éperons lors de son entrée au saloon. On aurait besoin de cette effigie dans les heures qui suivent pour la prochaine représentation. Elle aurait comme d'habitude son importance. Il convenait donc de veiller à ce qu'elle soit à portée de main pour son entrée en scène. Dans quel but, il n'en avait pas la moindre idée. Mai...

Histoire Courte

? « Il y a une chose que j'aimerais te donner... » Elle était là, la petite boîte, où les montagnards conservaient leurs biens les plus précieux... sur un « tablard », dans le mazot. C'était une petite boîte en bois. Elle avait la couleur miel du pin cembro. Cet arbre qui pousse très lentement en compagnie du mélèze, des rhododendrons et des myrtilles, à haute altitude, où Les hivers sont rudes et où le vent souffle par rafales. Sur son couvercle, une magnifique rosace en creux était gravée....

Nouvelle

La mort peut parfois éclairer bien des choses... On n'avait pas hésité un seul instant à cacher la totalité de la dalle de marbre vert émeraude avec d'immenses bouquets de fleurs, plus colorés et odorants les uns que les autres. Les profanes auraient tôt fait de dire que le lieu ne se prêtait guère à cette débauche végétale ou bien qu'il était tout simplement indécent de recouvrir une tombe d'un parterre aussi fourni.

Nouvelle

Noémie, petite Montreusienne (habitante de Montreux en Suisse) aux yeux couleur bleu ciel, étincelait de ce charme enfantin qui amène à la chérir. Toutefois, aux yeux de sa mère, Claudine, elle n’était qu’une enfant dont elle devait s’occuper, devoir maternel oblige. Très souvent harassée par la fatigue que lui procurait son travail d’infirmière, elle ne prodiguait à sa progéniture que le minimum vital d’affection. Son père, Paul, directeur d’une grande entreprise spécialisée dans l’innovati...

Nouvelle

Il devait être neuf heures quand un bateau à trois mâts se présenta dans la ville portuaire de Mariposa. Le maire était venu accueillir les marins qui descendaient du "Tempétueux". C'est en tout cas ce qu'il y avait gravé sur la poupe du navire. Chacun des marins qui débarquait avait été reçu chaleureusement par les autochtones et des chambres leur avaient été instantanément proposées. Les hôtels et auberges afficheraient complet pendant un moment ! Une tournée à la taverne du pied bancal le...

Nouvelle

Nagi Sapa, Nagi Sapa... La voix fatiguée et lointaine ne cessait de répéter ce mot qui, désormais, avait envahi la totalité de son esprit. Et il poursuivait sa progression dans ce boyau totalement privé de lumière, avec pour seuls guides ces râles tout droit surgis d'outre-tombe. Le corridor ne devait pas faire plus de deux mètres de large. En tendant ses bras, il n'avait aucune difficulté à toucher l'une et l'autre des deux parois avec les extrémités de ses doigts. Le contact de sa chair av...

Histoire Très Courte

La neige se déposait délicatement sur chaque recoin de ce doux paysage. Ce spectacle était avant tout apaisant et extraordinaire. Nous étions là sans un mot, en plein cœur de cette forêt épaisse mais relaxante. Le seul bruit d’un ruisseau pas encore gelé et de quelques oiseaux qui assistaient au même spectacle que nous depuis une branche. Malgré tout je la regardais, elle. Son teint s’accorder à la perfection avec la neige, mon imagination faisait le reste du travail dans un cadre pareil. J’...

Histoire Très Courte

Veronica Peltier était une jolie brune bien en chair qui portait des robes trop courtes. Elle entra dans ma vie un matin de mai en me tendant son curriculum vitæ et un passeport U.S. dont les pages étaient couvertes d’une multitude de visas. J’étais chef de département à l’Université Catholique de L*** et tentais sans succès depuis des mois de recruter un chercheur émérite dans le domaine des mythologies comparées. Elle se carra dans le fauteuil visiteur en face de mon bureau et m’offrit san...

Histoire Très Courte

. L’été austral est en ses débuts, tandis que l’an 1848 touche à sa fin. La victoria tirée par Symphorienne, la jument préférée de Madame de ***, tourne devant l'entrée du Jardin de l'Etat et s'engage en direction du Barachois. Au loin, l'Océan Indien roule des lames couleur ardoise et semble méditer sournoisement un prochain cyclone. Bercée par le léger roulis de la voiture, Madame de *** rêvasse, les yeux mi-clos, amusée par le balancement de la croupe de Symphorienne. Les plis de sa robe d...

Histoire Très Courte

J’avais promis à Francisco que je ferais ce que je pourrais pour elle : Nikita. Sobriquet ridicule. Où diable était-elle allée le chercher ? A la télévision, dans un magazine ? Elle y tenait beaucoup en tout cas. Née à Macapa sous le nom véritable de Cleonilde Vilhena de Jesus (Cleonilde, oui : on serait enclin à lui pardonner Nikita), elle avait tout juste (ou déjà ?) trente ans lorsque Francisco me la présenta. Une fille très différente des autres Brésiliennes que j’avais connues : très mod...

Histoire Très Courte

Trompettes de la renommée, vous êtes bien mal embouchées ! (Georges Brassens) Dieujuste Auguste venait de Port-au-Prince. Entre la pauvreté dans un pays pauvre et la pauvreté dans un pays riche, il avait fait son choix, pour le meilleur et pour le pire. Un visa pour le Surinam acheté à vil prix, une traversée furtive du Maroni, et l’eldorado de la Guyane Française au bout du périple. Une sorte de loi d’airain darwinienne régit la survie des sans-papiers : pour se maintenir sur le territoire ...

Histoire Très Courte

Ma vie sur les bords de l’Arataye, à défaut d’être douce, était paisible. J’avais mon carbet, ma coque alu et ma petite concession. Une fois par mois, je montais à Cayenne vendre quelques grammes d’or. J’en ramenais des provisions, du carburant, des outils. Un jour, lassé d’être en ménage avec la Veuve Poignet, j’en ai ramené Luzantonia. C’était une vraie fille de l’Amapa : trois quarts de sang amérindien, un quart de sang européen, et quelques gouttes de sang africain. Elle ne m’a pas tout ...

Nouvelle

C’était une chaude fin d’après-midi du mois de juin, je rentrais de mon travail. J’étais épuisé comme pouvait l’être en fin de journée un homme de cinquante-sept ans qui faisait depuis belle lurette la même besogne ennuyeuse, à savoir microfilmer les documents destinés à être archivés au sein d’une grande maison d’édition. Cela me coûtait toujours de m’engouffrer dans un de ces bus parisiens où les voyageurs, debout, serrés comme des sardines, dégageant des relents de sueurs, étaient brimbal...

Nouvelle

Mon arrière-grand-tante Eugénie-Émilie, dite la Potvine, ne pouvait pas me voir en peinture. Née dans le dernier quart du XIXème siècle, elle n’avait aucune indulgence pour mes défauts, résultats d’un manque d’éducation trop moderne à ses yeux : curiosité mal placée, insolence, saleté, paresse, le tout aggravé par une propension à mépriser les crises d’autorité et les numéros de férocité qu’elle m’infligeait quand je venais en visite chez elle. Ce qui était rare. Mais la visite qui devait êt...

Nouvelle

Dédiée à la vraie Nelly, où qu’elle soit à présent, qui a réellement été ma guide en Bulgarie en 1980 et m’a engueulé pour être entré sans me déchausser dans une mosquée. À part ça toute la nouvelle est pure fiction. _ « Ils vont me rendre folle ! » pensa Nilufer, désespérée. Naguère elle avait une meilleure opinion de la France. N’avait-elle pas étudié sa langue, sa littérature, son histoire ? Pendant ses études elle avait rencontré quelques Français : des enseignants, des diplomates. Des ge...

Nouvelle

Victor a les appartements en horreur. Rien que le mot « appartement » le fait frémir lorsqu’il l’entend, et il évite de le prononcer. Il a eu la chance de trouver à louer un petit pavillon de meulière à Drancy. Le loyer est dérisoire, si parfaitement adapté à la modicité de ses moyens que Victor n’a pas songé à s’en étonner alors même que la maison est située dans un quartier plutôt résidentiel et cossu, trop heureux d’avoir trouvé à se loger pas trop loin de l’imprimerie du Blanc-Mesnil où ...

Nouvelle

Alors, tu vois cette ville ? C'est un peu comme si tu regardais une vieille photo en noir et blanc. Tout est teinté de gris. On dirait que le soleil a oublié comment briller ici. Tu vois les bâtiments, là-bas ? Ils sont tout droit sortis d'un roman de l'époque victorienne. De véritables spectres de pierre qui se dressent fièrement dans le ciel opaque. Et ces gargouilles, perchées en haut, elles ont l'air de se moquer de nous avec leurs visages tordus. Elles ajoutent une note de sarcasme à ce...

Nouvelle

« Qu’as-tu fait, Isabel ? », ai-je murmuré en apprenant ce qu’elle avait fait. Ce qu’elle s’était fait. A aucun moment il ne m’est pas venu à l’esprit de me demander pourquoi. « Qu’as-tu fait ? », c’est le genre de question qu’on pose à un enfant ayant commis une sottise ; la stupidité de son comportement est d’une évidence si criante qu’on néglige de lui demander pourquoi tant de stupidité, alors on lui demande ce qu’il a fait, comme si ça ne se voyait pas. Comme s’il était nécessaire de pos...

Histoire Courte

Dans cette magnifique ville de Poitiers, baignée par les lueurs dorées d'un automne enchanteur, les rues pavées prenaient vie sous le doux craquement des feuilles tombantes. Chaque coin de rue semblait être le témoin silencieux d'une histoire passée, une ville imprégnée d'un riche héritage historique. Mais Poitiers détenait également un autre visage, dissimulé derrière ses façades pittoresques, celui d'un lieu empreint de mystères et de légendes surnaturelles. Les habitants de Poitiers savai...

Histoire Courte

Un nouvel épisode de la pandémie à Cosne sur Loire La police municipale cosnoise, déjà sollicitée sans cesse depuis des mois, doit depuis samedi canaliser une foule importante se dirigeant vers le pont de Loire, devenu depuis une étape incontournable et symbolique du Phénomène. Chaque Cosnois veut toutes affaires cessantes participer à ce geste : lancer dans les flots ligériens son téléviseur en criant « Oui à la Culture, non à la Paresse ! » C'est un nouvel épisode de la série de faits diver...

Nouvelle

- « Nous parlerons de l’humain au moment ou nous saurions ce que nous devrions à l’humain ,au moment ou mon maitre et le tien se métamorphosent en esclaves pour en gouter au fruit amer de la torture ,de la meurtrissure et du mépris ,au moment ou nous pourrions nous démaquiller devant les risques de la vie et de la mort …sinon nous serons toujours Cas-Humain » Oh comme c’est horrible d’y convertir ajouta-t-il d’un accent africain .