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En France, une œuvre entre dans le domaine public 70 ans après la mort de tous ses auteurs.
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Correspondance de George Sand et d’Alfred de Musset publiée en 1904 ***** Contexte Le jeune Alfred de Musset - de six ans son cadet - et George Sand vécurent une relation, houleuse, passionnée, agrémentée de trahisons et de ruptures. Cet épisode donna lieu à une intense correspondance qui compte des lettres d'amour parmi les plus belles de la langue française. George Sand et Alfred de Musset ont souhaité après leur mort laisser à la postérité leurs échanges afin de rétablir la vérité sur leu...
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Ah donne-nous des crânes de braises Des crânes brûlés aux foudres du ciel Des crânes lucides, des crânes réels Et traversés de ta présence Fais-nous naître aux cieux du dedans Criblés de gouffres en averses Et qu’un vertige nous traverse Avec un ongle incandescent Rassasie-nous nous avons faim De commotions inter-sidérales Ah verse-nous des laves astrales A la place de notre sang Détache-nous, Divise-nous Avec tes mains de braises coupantes Ouvre-nous ces voûtes brûlantes Où l’on meurt plus l...
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Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire ; J'écris pourtant, Afin que dans mon coeur au loin tu puisses lire Comme en partant. Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même Beaucoup plus beau : Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu'on aime, Semble nouveau. Qu'il te porte au bonheur ! Moi, je reste à l'attendre, Bien que, là-bas, Je sens que je m'en vais, pour voir et pour entendre Errer tes pas. Ne te détourne point s'il passe une hirondelle Par le chemin, Car je crois que c'est moi...
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Le grand-père avec la grand-mère Est assis dans le vert jardin, Tous deux inclinés vers la terre, Et pensifs, mais le front serein. Avec ma jeune et belle fiancée Près d'eux je m'assois, le cœur gai. En nous fleurit une pensée, Comme la rose au mois de mai. Le frais ruisseau, dans son voyage, Babille et court sur le gazon. Sur le ciel bleu flotte un nuage Qui passe et fuit à l'horizon. L'oiseau chante, le soleil brille, Le vent balance en soupirant Le feuillage de la charmille, Les heures cou...
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L’art de l’éloquence parlementaire 1848, l'avènement de la République et du suffrage universel « Désormais le bulletin de vote doit remplacer le fusil » Alphonse de Lamartine (1790-1869) « Ayant joué un rôle éminent dans la Révolution de février 1848 - il fut membre du gouvernement provisoire - Lamartine, député à l'Assemblée nationale élue les 23 et 24 avril 1848, intervient dans la discussion du projet de Constitution dont l'ambition est d'assurer à la France de "marcher plus librement dans...
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• François-René de Chateaubriand (1768 - 1848 ) Recueil : Tableaux de la nature. ___________________________________________________ Le temps m'appelle : il faut finir ces vers. A ce penser défaillit mon courage. Je vous salue, ô vallons que je perds ! Ecoutez-moi : c'est mon dernier hommage. Loin, loin d'ici, sur la terre égaré, Je vais traîner une importune vie ; Mais quelque part que j'habite ignoré, Ne craignez point qu'un ami vous oublie. Oui, j'aimerai ce rivage enchanteur, Ces monts dé...
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Sur mes cahiers d’écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable de neige J’écris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J’écris ton nom Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J’écris ton nom Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l’écho de mon enfance J’écris ton nom Sur les merveilles des nuits Sur le pain blanc des journées Sur les saisons fiancées J’écris ton nom Sur tous mes ...
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• Alphonse de Lamartine (1790 - 1869) Recueil : Harmonies poétiques et religieuses _______________________________________________ Mis en musique et interprété par Georges Brassens publié en 1969 sur son album Misogynie Voilà les feuilles sans sève Qui tombent sur le gazon, Voilà le vent qui s'élève Et gémit dans le vallon, Voilà l'errante hirondelle . Qui rase du bout de l'aile : L'eau dormante des marais, Voilà l'enfant des chaumières Qui glane sur les bruyères Le bois tombé des forêts. L'o...
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Elle fait au milieu du jour son petit somme ; Car l'enfant a besoin du rêve plus que l'homme, Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel ! L'enfant cherche à revoir Chérubin, Ariel, Ses camarades, Puck, Titania, les fées, Et ses mains quand il dort sont par Dieu réchauffées. Oh ! comme nous serions surpris si nous voyions, Au fond de ce sommeil sacré, plein de rayons, Ces paradis ouverts dans l'ombre, et ces passages D'étoiles qui font signe aux enfants d'être sages, Ces apparitions, ...
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J’ai toujours voulu voir du pays, et la vie Que mène un voyageur m’a toujours fait envie. Je me suis dit cent fois qu’un demi-siècle entier Dans le même logis, dans le même quartier ; Que dix ans de travail, dix ans de patience A lire les docteurs et creuser leur science, Ne valent pas six mois par voie et par chemin, Six mois de vie errante, un bâton à la main. — Eh bien ! me voici prêt, ma valise est remplie ; Où vais-je ! — En Italie. — Ah, fi donc ! l’Italie ! Voyage de badauds, de beaux ...
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Le bonheur de l'amitié Sur les bords du chemin que l'on suit en ce monde, Le ciel a répandu, dans un jour de pitié, Le germe d'une fleur délicate et féconde, Que l'on nomme amitié. Dans son calice d'or est enfermé le baume Qui relève l'esprit et calme la douleur, Qui, sous le toit des grands et sous le toit de chaume, Exhale sa senteur. Heureux, heureux celui qui, dès son premier âge, Le long de ce sentier, a cueilli cette fleur, Et, comme un talisman pour les heures d'orage, L'a mise sur son...
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Antonin Artaud Ce triangle d’eau qui a soif cette route sans écriture Madame, et le signe de vos mâtures sur cette mer où je me noie Les messages de vos cheveux le coup de fusil de vos lèvres cet orage qui m’enlève dans le sillage de vos yeux. Cette ombre enfin, sur le rivage où la vie fait trêve, et le vent, et l’horrible piétinement de la foule sur mon passage. Quand je lève les yeux vers vous on dirait que le monde tremble, et les feux de l’amour ressemblent aux caresses de votre époux. An...
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Hier, au soir, dans les clairières Je m'en allais rêvant Et j'entendis dans les bruyères Comme deux voix douces et claires Qui se taisaient souvent ; Et je me penchai sur les mousses, Et j'étendis la main Pour voir d'où partaient ces voix douces, En imprimant quelques secousses Aux buissons du chemin. Et qu'était-ce ? Un rayon de lune Qui gazouillait tout bas Des mots d'amour dans la nuit brune, Puis embrassait sur le front une Fleur qui ne fuyait pas. C'étaient des bruits confus et vagues Pa...
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Renée Vivien : Le Poète (1910) Recueil Le vent des vaisseaux, Éditions E. Sansot, 1921 LE POÈTE Il porte obscurément la pourpre du poète Ce passant qu’on rencontre au détour du chemin, Vers lequel nul ne tend sa secourable main Et qui lève vers l’aube un front large d’ascète. Mais sous le grand manteau percé de mille trous, Si vieux qu’il est pareil aux innombrables toiles Que l’araignée a su tramer sous les étoiles, S’ouvrent ses yeux divins, prophétiques et fous. Cet inconnu c’est le poète ...
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Il est de ces moments Où je voudrais étreindre, Où je voudrais atteindre De mes embrassements Tous les êtres qui pleurent Et dont le cœur meurtri N'a plus même de cri Pour bénir ceux qui meurent. Je voudrais sur mon sein Presser l'onde, la terre, La femme solitaire Et l'enfant orphelin ; Les âmes torturées Qui s'en vont vers l'amour, Puis, à la fin du jour, Reviennent déchirées ; Tout ce qui sous les cieux En soi porte un ulcère, Qu'incessamment lacère Quelque deuil anxieux ; Tout cœur qui se...
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Étienne Eggis (1830-1867) --- Ô poète, dis-moi, quel secret les tourmente, Et les jours et les nuits, Les flots tumultueux de la mer écumante Aux étranges ennuis ? Dans les sentiers de flamme où se roulent les mondes, Que cherchent les soleils, Sans cesse reprenant leurs courses vagabondes Dans leurs chemins vermeils ? Au fond du vallon vert, sur la naissante mousse, Que désire la fleur, Toute triste et penchant sa tête faible et douce, Dans sa vague douleur ? Au fond des cieux, enfant, les c...
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François COPPÉE - 1842 - 1908 Mon cœur était jadis comme un palais romain, Tout construit de granits choisis, de marbres rares. Bientôt les passions, comme un flot de barbares, L’envahirent, la hache ou la torche à la main. Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain. Vipères et hiboux. Terrains de fleurs avares. Partout gisaient, brisés, porphyres et carrares ; Et les ronces avaient effacé le chemin. Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre. Des midis sans soleil, des minuits sans un ...
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Louise Labé (1524 – 1566) Je vis, je meurs... Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; J'ai chaud extrême en endurant froidure : La vie m'est et trop molle et trop dure. J'ai grands ennuis entremêlés de joie. Tout à un coup je ris et je larmoie, Et en plaisir maint grief tourment j'endure ; Mon bien s'en va, et à jamais il dure ; Tout en un coup je sèche et je verdoie. Ainsi Amour inconstamment me mène ; Et, quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. Pu...
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Les Chroniques de Guy de Maupassant L’Art de rompre ! Le Gaulois, 1881 « La femme est comme votre ombre ; suivez-la, elle vous fuit ; fuyez-la, elle vous suit. » E. Manet - En bateau - 1874 […] Les femmes souvent (celles qui en valent la peine) sont désespérément fidèles ou plutôt (pardon du mot) désespérément crampons. Et ce n’est jamais à leurs maris qu’elles sont fidèles ; oh ! ça non, mais à l’homme à qui elles ne sont unies que par un lien bien faible, le caprice ! Explique qui pourra c...
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François-René de Chateaubriand Je voudrais célébrer dans des vers ingénus Les plantes, leurs amours, leurs penchants inconnus, L’humble mousse attachée aux voûtes des fontaines, L’herbe qui d’un tapis couvre les vertes plaines, Sur ces monts exaltés le cèdre précieux Qui parfume les airs, et s’approche des cieux Pour offrir son encens au Dieu de la nature, Le roseau qui frémit au bord d’une onde pure, Le tremble au doux parler, dont le feuillage frais Remplit de bruits légers les antiques for...
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Aujourd'hui, dans la nuit du monde et l'espérance de la Bonne Nouvelle, J'affirme avec audace ma foi en l'avenir de l'humanité! Je refuse de croire que les circonstances actuelles Rendront les hommes incapables de faire une terre meilleure. Je refuse de croire que l'être humain n'est qu'un fétu de paille, Ballotté par le courant de la vie, Sans avoir la possibilité d'influencer en quoi que ce soit Le cours des évènements. Je refuse de partager l'avis de ceux qui prétendent Que l'homme est à c...
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José-Maria de Heredia Soleil couchant Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ; Au loin, brillante encor par sa barre d’écume, La mer sans fin commence où la terre finit. A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nid Se tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume. Seul, l’Angélus du soir, ébranlé dans la brume, A la vaste rumeur de l’Océan s’unit. Alors, comme du fond d’un abîme, des traînes, Des landes, des ravins, montent des voix lointaines ...
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Guillaume Apollinaire Poèmes à Lou Le toutou et le gui Un gentil toutou vit un jour un brin de gui Tombé d’un chêne Il allait lever la patte dessus, sans gêne, Quand sa maîtresse qui L’observe, l’en empêche et d’un air alangui Ramasse le gui « Gui, jappe le toutou, pour toi c’est une veine ! Qu’est-ce qui donc te la valut ?» « Vous êtes, cher toutou, fidèle et résolu Et c’est pourquoi votre maîtresse Vous aime avec tendresse, Lui répond La plante des Druides, Pour la tendresse à vous le pompo...
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Renée Vivien Dans un coin de violettes, 1910 La lune consolatrice Et voici que mon cœur s’épanouit et rit… Moi qui longtemps souffris, me voici consolée Par ce noir violet d’une nuit étoilée, Moi qui ne savais point que la lune guérit ! Moi qui ne savais point que la lune console De tout le chagrin lourd, de toute la rancœur ! Sa consolation illumine le cœur D’un rayon éloquent autant qu’une parole. Et d’un rayon furtif comme un furtif bienfait Elle se glisse au fond torturé de mon âme, Elle ...
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Guy de Maupassant Désirs Le rêve pour les uns serait d’avoir des ailes, De monter dans l’espace en poussant de grands cris, De prendre entre leurs doigts les souples hirondelles, Et de se perdre, au soir, dans les cieux assombris. D’autres voudraient pouvoir écraser des poitrines En refermant dessus leurs deux bras écartés ; Et, sans ployer des reins, les prenant aux narines, Arrêter d’un seul coup les chevaux emportés. Moi ; ce que j’aimerais, c’est la beauté charnelle : Je voudrais être bea...