Céline
1894 - 1961
"Notre vie est un voyage
Dans l'hiver et dans la Nuit,
Nous cherchons notre passage
Dans le Ciel où rien ne luit."
Quatrain placé en épigraphe du "Voyage au bout de la nuit" [1]
Louis-Ferdinand Céline, né Louis Ferdinand Destouches le 27 mai 1894 à Courbevoie, département de la Seine, et mort le 1er juillet 1961 à Meudon, connu sous son nom de plume généralement abrégé en Céline, est un médecin et écrivain français.
Sa pensée pessimiste est teintée de nihilisme. Controversé en raison de ses pamphlets antisémites, c'est un « écrivain engagé », proche durant l'occupation allemande de certains collaborationnistes.
Il est considéré, en tant qu'écrivain, comme l'un des plus grands novateurs de la littérature française du XXe siècle, introduisant un style elliptique personnel et très travaillé qui emprunte à l'argot et tend à s'approcher de l'émotion immédiate du langage parlé. A propos de son style, Julien Gracq dira « Ce qui m'intéresse chez lui, c'est surtout l'usage très judicieux, efficace qu'il fait de cette langue entièrement artificielle-entièrement littéraire- qu'il a tirée de la langue parlée. »
Le style littéraire de Louis-Ferdinand Céline est souvent décrit comme ayant représenté une « révolution littéraire ». Il renouvelle en son temps le récit romanesque traditionnel, jouant avec les rythmes et les sonorités, dans ce qu'il appelle sa « petite musique ». Le vocabulaire à la fois argotique influencé par les échanges avec son ami Gen Paul ainsi que le style scientifique, familier et recherché, est au service d'une terrible lucidité, oscillant entre désespoir et humour, violence et tendresse, révolution stylistique et réelle révolte (le critique littéraire Gaëtan Picon est allé jusqu'à définir le Voyage comme « l'un des cris les plus insoutenables que l'homme ait jamais poussé »). Son vocabulaire original peut donner lieu à des pastiches.
C'est en 1936, dans Mort à crédit, mettant en scène l'enfance de Ferdinand Bardamu, alter ego littéraire de Céline, que son style se fait plus radical, notamment par l'utilisation de phrases courtes, très souvent exclamatives, séparées par trois points de suspension. Cette technique d'écriture combinant langue écrite et orale, conçue pour exprimer et provoquer l'émotion, se retrouvera dans tous les romans qui suivront. Elle décontenancera une bonne partie de la critique à la publication de Mort à crédit. Dans ce roman nourri des souvenirs de son adolescence, Céline présente une vision chaotique et antihéroïque, à la fois burlesque et tragique, de la condition humaine. Le livre, cependant, connaît peu de succès, et se trouve même critiqué par les partisans de Voyage au bout de la nuit. Simone de Beauvoir prétendra (mais longtemps après, en 1960) qu'elle et Jean-Paul Sartre y auraient alors vu « un certain mépris haineux des petites gens qui est une attitude préfasciste », tandis qu'Élie Faure, qui avait encensé le Voyage, juge simplement que Céline « piétine dans la merde ».
Sur le plan stylistique, la progression qui apparaît entre son premier roman et son ultime trilogie est marquée par une correspondance de plus en plus nette entre le temps du récit (ou temps de l'action) et le temps de la narration (ou temps de l'écriture). C'est ainsi que le présent de narration envahit l'espace romanesque au point que l'action ne semble plus se dérouler dans le passé, mais bien au contraire au moment même où le narrateur écrit. Le texte se rapproche ainsi progressivement du genre de la chronique, donnant à son lecteur l'impression que les événements se déroulent « en direct », sous ses yeux.
Il est intéressant de le rapprocher de son contemporain Ramuz, qu'il disait être « l'initiateur du transfert de la langue parlée dans la langue écrite ».
[1] « la vie comprise comme un voyage » : allusion à la Chanson des Gardes Suisses : « Notre vie est un voyage / Dans l'hiver et dans la Nuit / Nous cherchons notre passage / Dans le Ciel où rien ne luit. » (également cité dans Mémoires et dans le film Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps). « Ce quatrain placé en épigraphe du Voyage au bout de la nuit a été forgé de toutes pièces par Céline, qui s'est amusé à l'investir d'une autorité pseudo-historique... » (Boris Donné, (Pour Mémoires), un essai d'élucidation des Mémoires de Guy Debord)
La " Chanson des Gardes Suisses ", c'est le " Chant de la Bérézina ", la traduction française de ce " Chant de la Bérézina " était due à l'écrivain Gonzague de Reynold. Une vieille chanson populaire de langue allemande chantée par le contingent suisse de la Grande Armée en 1812, lors de la retraite de Russie.
source: wikipedia