"Sylve, conte chamanique" est une histoire du Domaine Public mis en ligne par
"yoganand"..
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Conte, Légende ou Autre en cours de rédaction (incomplet) Sylve, conte chamanique Chapitre premier Le petit peuple 1.1 Le soleil se levait sur l'obscure futaie. Ses rayons traversaient les piliers des troncs Et un épais brouillard, manière de taie, Recouvrait les ajoncs et leurs bouquets citron. 1.2 Tout doucement le vent effiloche la brume, Fait danser les houppiers et s'égoutter les feuilles. De la terre un parfum de résine et d'agrume Fait s'égailler l'oiseau et frémir le chevreuil. 1.3 Le silence régnait encore pour un instant. La Lune s'attardait dans un ciel pâlissant. Quelque part un ruisseau, coulant dans un étang, Donnait à la vieille eau son fluide adolescent. 1.4 D'un trou, sous un talus, le tout premier lapin, Par un grand bond sortit, les oreilles dressées. Son nez brillant frémit dans le parfum des pins Et puis, n'y tenant plus, il partit s'engraisser. 1.5 Quelque part, dans le tronc creusé d'un arbre père, Quelqu'un ouvrit les yeux. La lumière venait Sur son visage blanc, dans l'ombre du repère, Dire une foi encore: "Un autre jour est né ". 1.6 Ce quelqu'un s'étira, au milieu des fougères, Pour un instant encore sous le charme d'un rêve. Il crût s'éveiller sur une terre étrangère, Mais la faim grommelant cette illusion fut brève. 1.7 Il se passa les doigts dans sa noire tignasse Et sortit, en rampant, de sa chambre à coucher. Il faut vous présenter cette étrange bestiasse Qui sortit un tissu, afin de se moucher. 1.8 Plus petit qu'un héron, mais plus haut qu'un renard, Il allait sur deux pieds dépourvus de chaussure. Sa tête ronde avait cet air goguenard Du faible qui pourrait infliger des blessures. 1.9 Habillé de ses poils qu'il avait, par chance, Aussi longs qu'un manteau, il vivait aux tréfonds Des bois, se nourrissant du fruit mûr, sur la branche, Ou traînant sur le sol, comme les bêtes font. 1.10 Il mâchait le blé vert, ou cru le champignon, En suivant les saisons ou le gré du hasard. Sous les pins parasols il cherchait le pignon, Mais ne dédaignait pas l'oiseau ou le lézard. 1.11 Partout, aux alentours, d'autres êtres pareils Sortaient, tout comme lui, d'un tronc ou d'un buisson. Revêtant mêmement le plus simple appareil, Ils cherchaient, affamés, l’œuf ou le hérisson. 1.12 Dans les branches feuillues on convoitait les nids Et sous de gros cailloux la lymphe blanche et ronde, Ou, par chance parfois, le daim à l'agonie. Certains, dans un ruisseau, pêchaient au creux de l'onde. 1.13 Jamais ils n'amassaient, jamais ils ne stockaient, Se contentant, toujours, de la manne présente Offerte par ces Dieux qu'ils savaient évoquer: Esprit qui brille au ciel ou Déesse plaisante. 1.14 Lorsque la faim, repue, l'esprit se libérait, Au Dieu soleil couchant, on allait sous le chêne Le plus vieux, le plus gros et on délibérait, Sans prononcer un mot, en formant une chaîne. 1.15 Tout le clan s'asseyait autour de l'arbre père Et d'esprit en esprit des images passaient, Et puis des sentiments, pour se former en paires, Soumises au grand désir venu des trépassés. 1.16 Les morts, ainsi, venaient depuis la terre mère, En passant par le sein des fertiles femelles, Revivre une autre vie, aventure éphémère, Sans cesse renouée dans un temps qui s'emmêle. 1.17 Deux cents êtres vivaient dans le clan des forêts, Jamais plus, jamais moins le clan ne changeant pas. L'univers se bornait du grand chêne à l'orée. Après c'était la fin du monde, la pampa. 1.18 De vastes étendues de hautes herbes sèches, Puis des terres sans rien: du sable et des rochers. Plus de mousse, plus d'eau et puis plus d'ombre fraîche; Un horizon sans fin qui jamais n'approchait. 1.19 Alors le clan restait dans son vaste domaine, Protégé par les Dieux, à l’abri du grand vent Et caché du soleil; leur roi qui se promène Au ciel vers la nuit, en partant du levant. 1.20 La vie allait son train à ces occupations: Manger, se reproduire et rêver en commun. Pas d'argent, pas de chef ni de révolution. Le temps n'existait pas, ni hier, ni demain. Chacun allait au grès de son aspiration Et lorsqu'un grand costaud semblait vouloir régner, Tous les membres du clan, à leurs occupations, Le laissaient dans son coin, à grogner, dédaigné. Les enfants, mêmement, quand ils pouvaient manger Autrement qu'en tétant allaient où ils voulaient. Mais en cas de danger chacun se dérangeait Pour leur porter secours; ils aimaient leurs drôlets. Et maintenant que vous connaissez nos héros, Je peux vous raconter ce qui fit leur histoire. ''La terre doit souffrir pour se faire terreau, Car notre paradis se gagne au purgatoire ''. Chapitre second l’événement Après le froid d'hiver et les pluies de printemps, Viennent les jours chauds où le soleil, là-haut, Fait sur tout l'univers un travail de Titan. Cela lui donne soif et il boit toute l'eau. En ce début d'été le clan, dans l'insouciance, Profitait pleinement des jours chauds et des nuits. Il ne voyait que fruits et feuilles en luxuriance Et ne connaissait pas le temps et ses ennuis. Les houppiers, bien fournis, projetaient leur fraîcheur Sur le monde égayé par la vie à foison. Mais le destin venait, inlassable marcheur, S'apprêtant à lâcher son injuste poison. Les pignes, dans les pins, éclataient tout le jour Et dans les clairières l'air surchauffé dansait. Tous ceux qui y passaient y cuisaient comme en four. Le Dieu exagérait, ivre de son succès. Mais le ruisseau coulait: on pouvait s'y baigner Et même traverser à pied là où; avant, Il y avait des trous près des vieux châtaigniers. Les aulnes, sur la terre, tissaient de grands divans. On allait se coucher en ces racines nues, Admirant les cailloux posés au fond de l'eau. Oui; tout paraissait bon à ce clan ingénu Alors que sur les pins s'activait un brûlot. Mais pourtant croyez-vous qu'il eût été utile, A ces gens, de savoir d'avance le futur ? Qu'y pouvaient-ils changer ? Résister est futile Quand un destin mauvais vous jette à l'aventure. Éteindre le soleil, nul jamais ne le pu. Faire boire les arbres sans eau est impossible. On ne peut réparer certains fils rompus, Échapper au Dieu qui vous a pris pour cible. C'est seulement après l’inévitable issue Que l'on peut faire, enfin, le bilan de l'orage. Il est vain de pleurer criant: ''Si j'avais su ! '' Car l'accalmie venue il faut bien du courage. Oh et puis, après tout, à chaque jour suffit Sa peine et il nous faut garder quelques surprises, Pour mieux rester serein, de l'angoisse faire fi. Voilà une leçon que la vie m'a apprise. |
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Sylve, conte chamanique
n'appartient à aucun recueil
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