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Silence - Réflexion

Réflexion "Silence" est une réflexion mise en ligne par "Cathou inafrica"..

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Silence

 

 

Lorsqu’il m’a été demandé de travailler sur ce sujet, c’est silencieusement que j’ai eu l’envie de lui tordre le coup. A quelque part, je suis une « grande gueule » et j’ai pris cela comme une fraternelle provocation.

J’ai donc pensé, dans un premier temps, à mimer, puis à utiliser des techniques de Présentation Assistée par Ordinateur ou à me taire pendant 15 minutes.

 

Je suis donc partie en voyage intérieur. Ce travail sur le silence comportera donc quelques silences qui, comme beaucoup de silences, seront lourds de signification. Il est articulé autour de questions que je me suis posées, d’une recherche personnelle et de réflexions.

 

Quelques secondes de silence qui ont marqué ma vie :

Je porte dans ma chair et dans ma mémoire des cicatrices que le temps n’effacera pas et qui sont liées au silence. Je lui dois des moments de Bonheur exceptionnels tels que faire l’Amour avec la planète en pratiquant la chute libre.

Certains mots peuvent changer une vie. Les premiers silences de la mienne l’ont totalement orientée.

 

Quelques questions de base ont servi de fondation à ma réflexion :

Sommes-nous égaux devant le silence ? Le silence ne nous concerne-t-il pas tous ? Si j’étais muette, serais-je naturellement silencieuse ?

Le peu que je connais de moi me laisse penser que tant que j’aurai un souffle de vie, pour marquer ma « victoire » par rapport à la mort qui me suit et m’empoisonne l’existence, je ne serai jamais totalement silencieuse, quel que soit mon état physique.

Il me semble important d’être vigilante. Ma volonté de valider le fait que je vis en étant non silencieuse ne doit pas troubler.

 

Le silence, selon le dictionnaire, c’est l’absence de bruit.

Il ne peut être défini que par rapport à son contraire, qui lui est mesurable. Il est donc relatif à la capacité et à la volonté de percevoir des sons. Mon laobé (chien d’Afrique de l’ouest) ne m’entend pas quand je l’appelle alors qu’il est devant moi, mais il entend le bruit de ses croquettes à plus de 100 mètres.

- Si vous allez sous l’eau avec une tenue de plongée sous-marine, vous découvrirez ce que Cousteau appelait « Le  Monde du Silence ».

- Retournez sous l’eau, mais cette fois dans un sous-marin militaire et avec un casque de détecteur, vous percevrez un brouhaha dans lequel une « Oreille d’Or » distinguera des informations précises.

Si cette Oreille d’Or est distraite (par exemple par une question intelligente de type « tu entends quoi ? »), elle n’entendra plus ce qu’il y a derrière le silence. Par contre, si son appareillage est mal réglé, si elle reçoit trop de son, elle ne distinguera plus rien.

 

Le silence est donc nécessaire à une meilleure écoute. Ecouter les autres et s’écouter soi-même. Ne pas s’exprimer permet de laisser toute la place au subconscient, c’est l’un des points de passage nécessaires à l’auto écoute. Et je m’interroge pour savoir ce qui m’est le plus utile : ce que je reçois ou l’analyse de la réaction de mon fort intérieur par rapport à ce que je reçois ?

Les voyages sont avant tout des découvertes de soi-même. Observer le silence donne l’occasion de se dire tout et son contraire, d’explorer les plus profonds recoins de la pensée et ce sans se restreindre par la question assassine : « ne vais-je pas dire une bêtise ? ».

Je réalise, en gravant ces lignes, qu’au même titre que celui qui attend son médecin est un patient, le silence, lui, s’observe. Il faut prendre le temps de le regarder dans sa totalité et dans son environnement.

 

Le silence en opposition avec le chant.

Récemment, le Général Commandant la Légion Etrangère déclarait que la formation des engagés volontaires était basée sur trois piliers : l’effort physique, les traditions et le chant.

Pourquoi part-on à la guerre en chantant ? Pour ne pas penser. J’ai personnellement essayé de penser et de chanter en même temps et je n’y suis pas arrivée. Mais je reconnais être, entre autres, une piètre chanteuse.

Le silence, lui, laisse toute la place à la réflexion.

Le silence est source d’individualité. Parce que mon silence est différent de ton silence, qu’il m’est propre, qu’il m’est totalement personnel, il participe à la construction de notre édifice. Le silence et la façon dont nous le vivons, nous permet d’affirmer notre façon de vivre l’Amour qui nous unit.

Car le chant et le silence ont au moins un point commun, celui de fédérer. Grâce au chant, le légionnaire (mais cela pourrait être un marin, un footballeur)  intègre un groupe et se solidarise avec les autres.

Notre silence, lui, exprime le respect que nous avons les uns pour les autres, il est une marque d’union.

Comme le rugbyman ne plaque pas le joueur qui porte le même maillot que lui car ils courent vers le même but, l’ami ne coupe pas la parole à l’ami qui peine avec sa recherche sur le silence.

 

Le silence et nos origines.

Ma façon de m’exprimer marque mon sexe, mon origine ethnique ou sociale, mon âge, ....

Il me semble que le silence est complètement détaché de  toute contingence physique. C’est pourquoi il nous emmène à la méditation, au détachement de la chair, à la perte de la notion du temps ou de la faim.

La génétique permet de prouver que je suis la fille  de ma  mère et la petite fille de ma grand-mère. Dans quelques années, elle permettra de remonter à plusieurs générations. Partant de là, je suppose qu’il y a en moi une trace d’origine divine. Cette trace est-elle aussi ma façon de vivre le silence ? Il n’y a qu’à lire les livres sacrés pour s’en convaincre. Par exemple, le peuple d’Israël a passé 40 ans dans le Désert et l’Eternel lui parlait peu, et uniquement via Moïse. Et encore, bègue, Moïse utilisait son beau-frère Aaron comme relais.

Un tsunami fait beaucoup de bruit. Pourtant, il est relativement rare que la nature s’exprime de manière bruyante. En permanence les continents se rapprochent, les montagnes grandissent ou s’érodent, et ce en silence.

 

Le silence est-il une vertu ?

Sans vouloir chercher à atténuer les effets de mon côté bavard, j’aurais tendance à penser que le silence ne prend sa valeur qu’une fois rompu.

Serais-je, ici, en train de parler du silence, si une voix venue de Londres n’avait pas brisé, un certain 18 juin 1940, le silence que le nazisme voulait imposer au monde en général et à la France en particulier ?

Je me suis souvent exprimée par orgueil et par bêtise. Je ne me souviens pas d’être restée silencieuse par lâcheté. Et je prends l’engagement de ne jamais me taire par manque de courage.

 

Le silence est-il symbole de mort ?

Quand un être part, il se tait et autour de lui, les vivants se taisent ou parlent à voix basse. Le silence règne sur les champs de bataille après les guerres et. l’expression « silence de mort » fait partie du langage courant.

Pourtant, je n’arrive pas à associer le silence uniquement à la mort.

Probablement parce que je zappe des périodes difficiles de ma vie. Je le reconnais et j’ai prévenu en début : « il y aura des silences dans cette réflexion sur le silence ».

Mais aussi parce que j’ai vécu des fins de conflit silencieuses qui étaient symboles de vie.

Le 25 décembre 1989, à Timisoara en Roumanie, quand nous avons appris la mort de Ceausescu et que les gens sont sortis sur la place des martyrs, il régnait un silence de vie. Nous vivions la renaissance d’un peuple et d’un pays.

Récemment, j’évoquais avec une amie le fait que les passages les plus dangereux de Beyrouth étaient devenus des zones silencieuses. Malgré l’assassinat de Rafik Harriri, le Cèdre du Liban avait pu renaître.

 

Les conflits sont bruyants, la Paix, elle, est silencieuse.

Le silence est aussi symbole de mort. Mais je n’ai pas envie de le voir sous cet angle-là, puisque moi, la bavarde, à qui on demande en permanence son avis dans la vie, je suis heureuse de venir, ici, juste me taire.

 

J’ai récemment pris une superbe leçon d’humilité. Lors d’un repas, un ami a posé une question sur un symbole et moi, plus maligne que les autres, j’ai donné ma vision des choses. À côté de nous, un voisin est resté silencieux et nous a laissé la liberté de découvrir chacun ce que nous disait ce symbole.

Je venais de perdre, une fois de plus, une occasion de rester silencieuse.

C'est donc silencieusement que je retourne à mes lignes.

11-12-2014

Illustration : Ch. Guerry

Texte : Ca. Valmalette

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Cathou inafrica

11-12-2014

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Silence appartient au recueil Tout, rien et un peu plus

 

Réflexion terminée ! Merci à Cathou inafrica.

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