Si j'étais féministe... - Texte

Si j'étais féministe...

Ces dernières semaines, j'ai relu divers romans, plusieurs biographies et travaillé sur des extraits de textes tous en rapport avec des femmes qui ont marqué leur époque.

Je suis étonnée.

Etonnée de me sentir autant étreinte lorsque je lis le parcours de celles à qui je voue une admiration sans borne. Elles ont traversé leur siècle, à diverses époques et dans des domaines tous très différents. 

J'ose à peine engager mon écriture, d'une part parce que je me sens si minuscule à côté d'elles, d'autre part parce que j'ai peur de blesser celles que je vais oublier.

Nous pourrions aborder des catégories très différentes. Je ne parlerai pas des femmes qui, telle Marie Curie, ont tant fait progresser l’humanité en matière de médecine, de progrès physiques…. Je leur rends hommage et m’incline devant leur dévouement.

Je suis plus encline aujourd’hui à citer celles qui ont engagé une lutte, un combat. Pas nécessairement de front, bien souvent derrière l’homme qu’elles ont aimé passionnément ou derrière le titre d’une cause qu’elles ont embrassée telle une religion.

Je ne remonterai pas non plus avant l’ère chrétienne bien que la période soit également riche.

C’est avec Marie Madeleine et ses consœurs bibliques que j’ai commencé ma réflexion. Sarah, Tsippora, Marie, Rachel ont toutes été des élues de Dieu. Elles ont suivi l’homme qu’elles aimaient, sans jamais défaillir. Elles ont lutté dans le désert pour assurer la descendance de leur tribu. Elles n’ont jamais tourné le dos à ces hommes qui se battaient pour le Dieu qu’ils avaient choisi d’aimer et de servir.

Puis l’Histoire a avancé et j’ai passionnément aimé, enfant, la vie de Jeanne d’Arc. Condamnée pour ses convictions, brûlée vive, elle a défendu sa patrie au prix de la vie.

C’est en 1730 que Marie Durand et ses compagnes sont emprisonnées dans la tour de Constance de Aigues Mortes. Elles n’accepteront jamais de trahir leurs frères, époux, fils et resteront dans leur geôle près de 40 années sans renier leur foi. Elles sont l’exemple à suivre de milliers de femmes qui depuis, ont essayé de donner un sens à leur vie. Marie et ses sœurs ont été libérées.

Rosa Parks, couturière noire américaine est devenue la figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale au Etats-Unis. Pour une place assise de bus qu’elle ne veut pas laisser pour un blanc, elle est condamnée par le tribunal. C’est aux côtés de Martin Luther King qu’elle va mener le combat qu’elle n’abandonnera jamais pour que les noirs américains soient des êtres humains…reconnus.

La liste est longue des femmes qui ont lutté pendant la deuxième guerre mondiale. Je choisis d’évoquer Lucie Aubrac en précisant haut et fort que je la cite comme représentante de toutes les femmes de la Résistance. Elles se sont battues pour leur pays. Elles se sont battues pour leurs idées. Elles ont lutté dignement, au prix de leur vie, au détriment de leur famille. Pas pour la gloire. Pour que leurs frères et leurs sœurs puissent vivre dans un pays de Liberté. Pour que leurs enfants portent en eux la Liberté l’Egalité et la Fraternité.

Ces femmes de la Résistance étaient braves. Sans écouter la peur qui leur vrillait le ventre, elles ont traversé les lignes ennemies, elles ont sillonné les maquis pour servir les hommes du combat.

Depuis, d’autres figures nous ont marqués.

Angela Davis, et les afro-américaines qui ont imposé aux Etats-Unis la femme noire et la reconnaissance de ses droits.

Toutes celles qui, à travers le monde, ont activé pour le droit de vote des femmes, pour le droit à la contraception, à l’avortement. Et même seulement le droit au travail.

Je vais arrêter mon écriture car je me sens glisser sur une pente qui est celle de ceux qui actuellement font marche arrière et reprennent tout ce que ces femmes ont acquis, bien souvent au prix de leur vie, au prix de leur liberté.

Je reviendrai car la matière est dense et il me semble que nous sommes à un croisement des chemins : nous avons à nous battre pour que la société avance. Les années roses sont terminées et nous devons être vigilantes, trop de nos sœurs ont donné pour que nous laissions reprendre.

Certains me diront que c’est un rêve, en réponse, je citerai Eleanor Roosevelt :

«L'avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves."

Ca. Valmalette

Toubab Dialaw

2013-03-24