Les Brochettes - Conte, Légende ou Autre

Djeha et les brochettes

( conte oriental )

    Alors que Djeha passait devant un marchand de brochettes, l’odeur chatouillait ses narines  :

-  Que cela sent bon !  Se dit –il se frottant le ventre.

Djeha avait  très faim mais il n'avait pas beaucoup d'argent. Pourtant il fallait  trouver un moyen qui lui permettrait de manger, il ne pouvait plus se retenir. Soudain une idée illumina son esprit.

Il alla chez  le boulanger,  acheta un morceau de pain comme cela était possible dans ce temps-là. Il  revint  devant le marchand de brochettes. Ses yeux ne quittaient les brochettes.

- Tu veux acheter des brochettes;  demanda le marchand, combien en veux-tu ?
-  Non, non, je ne veux rien acheter, répondit Djeha.

Gêné, le marchand lui dit :
- Alors vas-t-en !

Djeha fit la sourde oreille puis s’approcha des brochettes. Il prit le morceau de pain et le tint au-dessus des brochettes qui cuisaient à la braise. La fumée montait vers le pain. Le marchand, étonné, demanda:
- Que fais-tu ?
- Attends un peu, répondit Djeha., tu vas voir.

Au bout d'une minute, le morceau de pain fut couvert de fumée et de graisse qui donna une saveur au pain. Djeha alors porta le morceau à sa bouche et le mangea.

- C'est très bon :, dit il, merci et au revoir.
- Mais tu me dois de l'argent, s’écria le marchand en colère.
- Je ne te dois rien, répondit Djeha, je n'ai pas mangé tes brochettes, j'ai mangé seulement la fumée.

Fâché, le marchand décida de porter plainte et si tout le monde faisait cela que deviendrait son commerce ?
- Allons chez le cadi ( le médiateur du village) !
-  D'accord! Allons chez le cadi.

Ils arrivèrent chez le cadi et expliquèrent l'affaire. Le cadi demanda au marchand :

- Combien d'argent lui demandes-tu ?
- Je veux un dinar, répond le marchand.
- Donne-moi un dinar, dit le cadi à Djeha. Ce dernier tendit le seul sou qu’il possédait.

Le cadi prit le dinar, le passa sous le nez du marchand, une fois, deux fois et même plusieurs fois  puis il  rendit à Djeha.

- Mais, monsieur le cadi, dit le marchand, ce dinar est pour moi ! Pourquoi est-ce que vous le lui rendez ?
- Voyons,  répondit le juge. Djeha a senti l'odeur de tes brochettes, et toi tu as senti l'odeur de son argent. Maintenant personne ne doit rien à l'autre.