Le système actuel brise les meilleures volontés, casse les vocations, nous sommes dans une crise de l'envie d'enseigner, une fois affecté. Il n'y a pas de crise du recrutement, car il y aura toujours des candidats à se presser au portillon.
Non, la crise, elle vient après, une fois "dedans", avec cette question qui les tenaille :
"mais comment sort-on de là ?"
Justement, le système actuel est conçu pour rentrer, et non pour sortir.
C'est là que réside le problème.
La mobilité interne est des plus limitées pour ceux qui en ont marre (changer de niveau d'enseignement, changer de discipline d'enseignement, devenir chef d'établissement...), et la mobilité externe, rares sont les académies à vouloir l'accepter. Par peur, sans doute, que se produise une crise du recrutement. Nous n'en sommes pas là, mais après la crise de l'envie d'enseigner, oui, nous y arriverons.
Pour ceux qui souhaitent réaliser une mobilité interne en-dehors de l'enseignement, ou une mobilité externe, c'est un calvaire qui commence,
d'une part pour faire plier la résistance de l'administration à vouloir les laisser partir, d'autre part pour arriver à convaincre qu'en tant qu'enseignants, ils ont réussi à développer des compétences.
Car ailleurs que dans l'enseignement, les gens s'imaginent que le métier d'enseignant se limite à apprendre à apprendre aux élèves. Juste ça. Le prof récite son cours, et les élèves apprennent. Tant que cet a priori durera, la mobilité des enseignants sera difficile.
Il est important de réfléchir aux conditions de travail que rencontrent les enseignants, jeunes et moins jeunes. La Gestion des Ressources Humaines ne doit pas exister que sur le papier, et ce n'est pas parce-que l'on a pondu de belles circulaires que le travail est terminé. Tout se joue dans les comportements, au quotidien, dans l'accueil, dans l'écoute, dans l'empathie. Etre à l'écoute ne s'apprend pas dans une circulaire, c'est un état d'esprit. On peut modifier son comportement après avoir été formé, mais le naturel nous rattrape vite. Il y aura toujours des personnes qui ne comprendront jamais ce que signifient les mots "écoute", "empathie", "accueil", "compréhension", "encouragement".
En lisant les milliers de témoignages chaque année qui nous parviennent, on se demande ce que devient cette volonté de mieux gérer les ressources humaines, ou ce que cette expression signifie réellement dans la bouche de ceux qui l'emploient. Peut-être pour se rassurer, parce-que justement, elle ne peut pas exister à l'échelle d'un système, ni d'une académie. Comment un DRH peut-il prétendre bien gérer à lui seul 80 000 personnes par exemple ? Pour gérer les ressources humaines, il faut de la proximité, et il devient important d'alléger les procédures administratives, de supprimer les usines à gaz, pour déléguer aux chefs d'établissement la possibilité de gérer, de piloter leurs ressources humaines.
Il y a un malaise grandissant dans l'enseignement, dans l'envie d'enseigner. Il serait temps d'enlever ses oeillères et de regarder la réalité en face, et de trouver les moyens d'agir, pour faciliter le bien-être et la santé au travail. C'est comme cela que les individus se motivent, et deviennent dynamiques, et productifs.
30-04-2014