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L'ange blonde - Tranche de Vie

Tranche de Vie "L'ange blonde" est une tranche de vie mise en ligne par "Ancolies"..

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L’ange blonde

 

 

Toulouse 2004, un vieil et petit immeuble 4 étages en centre-ville. Au troisième, Ancolies, chambrette 12 m2 à tout casser avec vue sur courette. Au rez-de-chaussée, une petite galerie d'art tenue par un gars jeune, sympa, actif. Il renouvelle tous les deux mois les expos, et organise les vernissages afférents auxquels je suis en bon voisin convié. Ce serait encore plus sympa si j'étais touché par les œuvres contemporaines exposées. Pas vraiment, pas du tout même. Mais pour ce que j'y connais hein ! Pas une raison pour pas y passer un moment. Boire un coup de vin, voir des gens.

 

M'y voilà ce soir, descendu de chez moi assez tard, et bientôt la fermeture de l'art et de son bar. L'endroit n’étant pas bien grand et la majeure partie des participants éclipsés, ça me prend guère plus d’une seconde pour repérer l'ange blonde (ben si, z'ont un sexe) entourée de quelques jeunes et joyeux copains, m’intégrer au jeune et joyeux groupe et échanger quelques bribes de conversation et plaisanteries. Un quart d’heure plus tard, la galerie fermée, nous voilà l'ange blonde, le monde et moi, nous voilà tous trois sur le trottoir. Certains suggèrent d'aller dîner, d'autres penchent pour un bar. Tout ça ne m'enchante guère. Aussi contre-propose-je de remonter trois étages d'escalier causer et écouter de la musique chez moi, où c’est certes un peu minuscule mais majusculement sympa.

 

Certains déclinent et d'autres suivent. 3 étages d'escalier plus haut, nous voici dans la chambrette, dont bien sûr Ange Blonde, sinon ça vaut pas. On fait comme on a dit. On cause, on zique, de temps en temps je coupe le son de l’ordi, prends la gratte, graffite une chanson.

 

Remplacée par le reste, la question dîner est passée à la trappe depuis belle lurette. La nuit avance et l'un après l'autre, les copains lâchent la rampe et se cassent. Mais grâce au ciel, pas Ange Blonde, ainsi qu'un dernier gars avec lequel elle se chipote depuis le début. Depuis le début je me demande s'ils sont ensemble. Z'ont en tout cas l'air de s'en et se vouloir. Toujours altruiste, je manque pas de le leur dire. Vous vous voulez ?! putain allez-y ! Peut-être histoire aussi de me compliquer le désir.  

 

On doit en être maintenant à 3, 4 ou 5 heures du mat. Fourmis dans les jambes, des envies de danse prennent subitement la jeune génération. Bon, malgré une légitime anxiété rapport à quelques mésaventures passées avec les voisins, et tout civil et respectueux que je sois, je monte le son. Ange Blonde vous comprenez. Asian Dub, Eminen, Prince, anciens Stones, antiques Airplane, Aston Villa, Deborah Blando, Neville Brothers... on martèle en cadence minces murs et planchers.

 

Plus tard. Les trois danseurs en sueur et les autorités qui contre toute attente roupillent toujours. Ça m'arrange. Maintenant le copain va pisser sur le palier. Ange Blonde en profite pour se glisser près de moi, heureux et surpris on s'en doute, et me couler un court et tendre patin. Pour une surprise ?! Une chouette surprise ! Chant de la chasse sur le palier, elle opère un furtif retour à sa place. Maintenant c'est sûr, j'aimerais encore plus qu'elle reste.

 

Plus tard. Le copain a du désir mais pas de droits sur elle on dirait. Puisque finalement il s'en va tandis qu'elle ne bouge pas. On dirait que tu restes ? je m'informe émerveillé. On dirait ! elle répond. Toujours émerveillé, je déplie le futon.

 

Matin. Elle dort. A deux pas, à deux doigts d'elle, je m'offre une douche discrète et glacée vu que l’eau chaude peut-être émue par tant d’émotion pointe aux abonnées absentes. Encore frissonnant et les reins ceints d'une ordinaire serviette de bain, je fume et mate en douce les si doux et si jeunes cheveux blonds, éventail d'or pur jeté sur l'oreiller, inspirant dans leur sommeil l'air et la lumière de la pièce.

 

Plus tard.

P' tit dèj. Thé, petits pains au lait industriels, beurre de cacahouète. Miam ! elle dit. Après, encore un peu de chansons et de causette. Dans quel merdier je me suis mise ! souffle-t-elle rêveusement à un moment. Ah bon ! me dis-je sincèrement surpris. Un merdier dissimulé dans tant d'harmonie ? Difficile à croire, tout est si simple. Tout est si simple, il est midi.

 

Plus tard.

Faut que j'y aille ! forcément un moment elle dit, me confiant du même coup qu'elle fait quelquefois modèle aux beaux-arts et que c'est précisément le jour et l'heure. Fusains horaires, je pense toujours à propos. Je lui demande si elle a envie d'échanger des coordonnées ou si elle préfère le bateau livre du hasard. Elle préfère le bateau. Elle lève les voiles, relève son ancre, elle s’en va.

 

L'ai pas tout à fait jamais revue.

 

Forcément je l'ai dans la tête. L'irréelle rencontre. La vespérale lumière ! Aussi, une semaine jour pour jour plus tard, je fais un tour du côté des beaux-arts. Aimable coin sur les quais de Garonne, également infesté de diurnes dealers. Lâche-moi mec, j’ai d’autres cœurs à fouetter.

Et puis, joies et bonheurs au pluriel : 1 / je la vois arriver, et 2 / elle sourit de me voir. Tu m'as trouvée on dirait ? elle dit. On dirait ! je dis. Et t'aurais pas envie qu'on se revoit, des fois ? ajoute-je. Eh bien oui, elle veut bien puisqu’elle me file rencard dimanche soir dans un bar jazz. Super ! A dimanche.

 

Sûr je suis content, super qu'elle ait envie. Et un truc à la fois, dimanche on verra.

 

Dimanche soir. Seul sous les saxs. Viendra, viendra pas ? Bien que j’essaie de repousser ce type de pensées genre moi et mon foutu karma, je peux pas vraiment dire que j'y crois. D’autant que maintenant on approche la demi-heure de retard. Encore une fois, j’aimerais autant pas mais je peux pas m'empêcher de penser Normal, c'était trop beau !

Je m'aère un peu des saxs whiskys sur le trottoir. Et tiens donc, un moment plus tard, là voilà. Super nouvelle !

 

Moins bonne nouvelle, ils ont l'air deux pour le prix d'un. Dont un mec. Forcément ! Qu’est-ce que tu croyais ?! ricane dans son coin foutu karma ! Bon. Je serre dynamiquement la main du gars, qu'a l'air nettement moins enthousiaste que moi. Euh… finalement on va au ciné avec mon copain ! m’explique-t-elle. On peut naturellement compter sur ce brave Ancolies pour leur souhaiter séance tenante une excellente soirée.

 

Et quoi ? Merci de ton cadeau limpide et lumineux, merci pour tes vingt ans et la nuit que tu m’as offerte. Une nuit pour toujours. Au moins six mois de soleil à la suite ça m’a fait dans ma nuit bleue arctique et océamment seule.

 

 

 

 

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Auteur

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Ancolies

08-12-2012

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L'ange blonde appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Ancolies.

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