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Fumée, corruption et biscuits - Pause-Café

Pause-Café "Fumée, corruption et biscuits" est une pause-café mise en ligne par "Cathou inafrica"..

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Fumée, corruption et biscuits

 

Françoise, tu m'as dit fumée, corruption et biscuit.... j'ai écrit "biscuits" au pluriel... j'espère que ce ne sera pas grave..

Un soir de tchatche et trois mots que Françoise dépose sur le fil du mur, sur la pointe des pieds, du bout du clavier, envie de me dire oufti….. Je me suis dit, ouch, dur !

 

Les trois mots sont en place dans le texte… je crois.

 

L’atmosphère était lourde de la présence des hommes qui rentraient de là-haut.

Là-haut, où les enfants ne vont pas, enfin, ne vont plus. Là-haut où les femmes, la nuit, circulent, silhouettes de la pénombre, pour aller déposer aux pieds des arbres les paniers lourds qui permettront aux hommes de manger et de résister.

Résister. Sans pouvoir combattre. Résister, tenir le coup. Attendre dans l’ombre noire des châtaigniers que ceux d’en bas donnent le signal.

Elle est longue l’attente. Dans les volutes de fumée qui s’échappent des quelques cigarettes améliorant le quotidien des victuailles, les hommes ne lisent pas l’espoir. Ne trouvent plus l’espoir. Le son des canons qui grondent dans la vallée leur rappelle que les camarades sont au combat alors qu’eux sont perdus dans cette étendue de forêt et de maquis qui fait la Lozère si belle en temps de paix.

Jusqu’où faudra-t-il tenir le coup ? Jusqu’à quand ? Le long des murs de pierres sèches, au dessus des bancels, tous les paysages souffrent. Souffrent de voir leurs fils piégés, traqués, apeurés, pris dans les mailles d’un filet que l’ennemi n’en finit plus de tendre.

Il est devenu si difficile de vivre, la corruption, la délation, l’accusation et la débauche sont du quotidien maintenant. Chacun se méfie, de lui, de tout, de tous. Les cinquièmes colonnes se sont infiltrées parmi les bons. Plus question de faire confiance, plus question de vivre la sérénité ne serait-ce que quelques heures. Il est loin le temps des châtaignes, le temps de l’accordéon du bal du samedi soir.

Ceux qui n’ont pas voulu prendre des trains dont ils savent qu’ils ne reviendront pas. Ceux qui ont fait sauter les ponts et coupé les voies, ceux qui ont piégé la voiture du commandant se retrouvent là.

Là, là-haut. Sur le toit du monde. Privés de la lutte. Dans l’attente d’un hypothétique avenir de paix. Et à chaque lever du jour, dans les paniers lourds du pain quotidien, les paniers dans lesquels les fiancées, les filles, les épouses ont glissé quelques biscuits, douceurs qui transportent leur amour pour le fiancé, le père, le mari ; dans les paniers que les femmes ont apportés gravissant la montagne au prix de leur vie, les hommes espèrent trouver dans la mie déjà sèche, le message des camarades qui leur demanderont de redescendre à la ville.

Revenir à la vie, la vie qui risque de les faire basculer très vite dans la mort. Car redescendre, cela veut dire reprendre le combat. Tous veulent relever les armes. Les plus âgés savent déjà qu’ils resteront en arrière pour laisser les plus jeunes, plus véloces, plus furieux peut être aussi. Les plus jeunes pour répondre et bouter l’ennemi hors des terres.

Il est long le combat, mais qui accepterait d’avoir à appeler une châtaigne autrement que castagne, avec l’accent de la Lozère ? Quel est celui qui admettrait que la Bretagne n’appartienne plus aux bretons et la Normandie aux bons vieux cueilleurs de pommes ? Qui souffrirait que Paris ne soit plus la ville de Lumière ?

 

Demain, les hommes remonteront là-haut. Pour que ceux qui y sont cachés gardent l’espoir. L’espoir de la Paix pour un futur de Liberté.

 

Ca. Valmalette

Cabrousse le 01-11-2014

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Cathou inafrica

11-11-2014

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Fumée, corruption et biscuits appartient au recueil Donne-moi trois mots, je te raconterai...

 

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