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Fenêtres sur cour - Tranche de Vie

Tranche de Vie "Fenêtres sur cour" est une tranche de vie mise en ligne par "Ancolies"..

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Fenêtres sur cour

Il y a 3 ou 4 ans, j’ai été faire un chantier dans un château en Bourgogne. Objectif : remastiquer et repeindre les fenêtres extérieures. La moindre petite fenêtre était composée de 12 àu 16 petits carreaux, je vous laisse deviner le nombre de ces petits carreaux sur les fenêtres de 6 mètres de large du rez-de-chaussée. Sûr, ça paraît impossible mais au boulot !

Et que ne te nettoie tout ça, et que je te mastique (j’ai jamais fait ça de ma vie, j’en mets 4 fois trop et c’est 4 fois pire), et que je commence à te rénover et repeindre en les prenant une à une les fenêtres sans tenter de me poser de questions, tâchant de m’abrutir de travail.

J’ai commencé un lundi et le dimanche matin suivant, tandis que les châtelains sont à la messe, je repeins la fenêtre n°3 de la cuisine n°1. Voilà l’escabeau se rebiffe et commence à se casser la gueule, je suis obligé de sauter en l’air pendant qu’il s’écrase par terre, je saute et j’arrive sur mes 2 pieds sur le sol, le gros pot de peinture à la main parce que j’ai pas voulu le lâcher et qu’il en mette partout…

Ouaip, après avoir sauté de l’escabeau je me retrouve bien sur mes assises sur la terre ferme, sauf que j’ai plein d’élan et je ne peux pas m’arrêter. Le pot de peinture- je l’ai toujours à la main- voltige dangereusement au bout de mon bras tandis que je traverse la pièce à la vitesse de l’éclair en renversant 6 chaises en bois sur mon passage, tout ça pour m’écraser torse nu sur le carrelage dur, mon nez  s’arrêtant à 2 cms du radiateur en fonte et aux arêtes vives du mur frontal. Le pot de peinture a comme son maître êtè finalement répandu sur le dit carrelage et les murs.

1 / Je me relève, attrape des éponges, des cuvettes, nettoie tous les dégâts du pot, redresse les  chaises.
2 / Je me sers un grand pastis pour réfléchir à tout ça avec une bonne clope sans filtre. A me demander où je suis, dans quel état je suis. Quelque chose de cassée ? Je sais pas mais ça fait très mal de partout.

Je me lave et reloque propre pour le déjeuner, où je raconte au Vicomte et à la Vicomtesse (une de mes sœurs) propriétaires du château ma mésaventure. Vu qu’on est dimanche en rase bois, forêts et campagnes, j’irai demain voir un médecin dans un bled à  45 bornes.

Médecin , radios : le diagnostic tombe : pas de côtes cassées, simplement toutes fêlées, 2 mois de réparation et on ne peut rien faire d’autre pendant ce temps là que de relire Water Scott, Montherlant et Rintintin. Que faire alors ? Je m’interroge. Arrêter tout tout de suite et revenir à Toulouse (avec ma vieille voiture qui est quasi morte en arrivant), laissant en plan ce que j’ai commencé il y a une semaine, ou quoi d’autre ?

Quoi d’autre ? Continuer malgré les dégâts, et on verra.

C’est la solution 2 que je choisis. J’ai tellement mal que je me réveille en criant la nuit. Et le jour je bosse 11 heures, week-end compris. Quoi d’autre ?

En 1 mois 1 / 2, je leur ai fait leur château, plus même des jours de pluie débarrasser le grenier de 300 m2 de toutes les saloperies qu’il contenait, y compris de nombreux squelettes de chouettes. Ah j’ai pas hésité, j’ai tout balancé par les lucarnes 3 étages plus bas , et après j’ai fait un grand feu de bois sous la pluie avec tout ça. Pis je l’ai fait briller ce grenier séculairement poussiéreux en spacieuse salle de bals n’ attendant les jeunes générations pour les mariages à forcément venir.

Tu parles si pour les fenêtres j’ai renoncé à l’échelle. J’ai attrapé un autre escabeau et je m’y suis remis, debout parfois sur le bord des fenêtres.

Ça, pour sûr j’ai pas chômé côtes fêlées ou pas : je vous dis qu’en un mois et demi je l’ai fait, tout le château. Je suis sûr qu’un artisan aurait pris au moins 3 mois, et coûter 5 fois plus cher minimum. 

Bref.

L’année dernière j’y suis retourné pour remettre à neuf le salon n°4, celui où y’ a au moins 16 chaises Louis XVI, des dorures, des rechampis, et des petites tables en marbre garnies de bibelots précieux  en veux-tu en voilà. Et évidemment un gros piano à queue. Mais là j’ai dit : je veux un échafaudage. Stop les échelles. Sinon je le fais pas. Coopératifs ils se sont montrés. Ils ont acheté un échafaudage que je n’ai mis qu’une demi-journée à monter alors qu’un gars compétent te fait ça en une demi-heure.

Faut que je vous dise : je suis pas doué pour toutes ces choses de la terre.Pas du tout du tout. Je suis pas et serai jamais un manuel, même si j’ai forcément fait des progrès vu le nombre de fois où j’ai du enfiler mes habits de peintre, de carreleur, de constructeur de piscine, de démolisseur  d’une cheminée en pierre juché sur une échelle encore, avec un énorme marteau-piqueur dans les bras…

L’idée de ma sœur c’est pour le moment de rénover un de ses salons par année, en me demandant de le faire. Elle pense que c’est très bien de permettre à un chômeur aguerri de toucher quelques dividendes. Elle a pas tort, mais je crois que je ne le referai pas, quitte à la décevoir bien sûr. Non, je crois que là j’ai mon compte. J’en ai déjà fait 3 cette années, je viens d’en décommander un nouveau en octobre en Vendée. Ça ira comme ça et pour toujours j’espère.

Et puis, autre chose, ces gens sont fous de faire travailler au black des mecs sur des terrains dangereux. Vraiment.

Quant à ma voiture mourante, elle m'a laissé en rade à 150 bornes de Toulouse, comme un con.

 

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Ancolies

01-10-2013

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Fenêtres sur cour appartient au recueil Nouvelles d'une vie

 

Tranche de Vie terminée ! Merci à Ancolies.

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