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Comme un roman - Chronique

Chronique "Comme un roman" est une chronique littéraire mise en ligne par "Emmalys".N'hésitez pas à proposer vos critiques littéraires sur des Auteurs, Artistes, Artisans d'art...

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Comme un roman

*

Daniel Pennac

 

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Quatrième de couverture :

 

Les droits imprescriptibles du lecteur:

1. Le droit de ne pas lire.

2. Le droit de sauter des pages.

3. Le droit de ne pas finir un livre.

4. Le droit de relire.

5. Le droit de lire n'importe quoi.

6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).

7. Le droit de lire n'importe où.

8. Le droit de grappiller.

9. Le droit de lire à haute voix.

10. Le droit de nous taire.

 

    Entre deux tomes de la saga Malaussène, Daniel Pennac s'attaque dans cet essai à un sujet qui fâche : la lecture en milieu scolaire. Ceux qui s'intéressent aux recherches sur la pédagogie savent combien ce genre d'ouvrage peut parfois être rébarbatif. Chaque chercheur y va de son petit grain de sel, non sans rappeler sur des centaines de pages les théories précédentes, jusqu'à ce qu'enfin, il se décide à avancer ses propres hypothèses.

  Inutile de prendre la fuite, vous ne trouverez pas ce genre de choses dans le livre de Pennac. Enseignant lui-même et auteur reconnu de la littérature française tant chez les adultes que chez les enfants, il se propose d'expliquer pourquoi les élèves se détournent de la lecture en milieu scolaire ainsi que des pistes pour y remédier.

  Fort de son expérience, il propose ainsi une critique de l'enseignement de la lecture et de la littérature en exposant ses points faibles et surtout, en se plaçant du point de vue des jeunes lecteurs.

  Avec humour et dérision, il désacralise ainsi l'acte de lire, jusqu'à aboutir aux dix commandements du lecteur, ceux-là mêmes qui se retrouvent sur la quatrième de couverture.

Ce que j'en pense :

 

  Quand on m'a remis ce livre entre les mains, j'étais sceptique. Je me suis dit :Ah, c'est pas vrai ! Encore un qui se croit meilleur que tout le monde et qui va exposer ses grandes théories en disant « voilà ce qu'on doit faire !» (J'en ai lu beaucoup, des comme ça.)

Eh bien, non, pas du tout ! Bien sûr, Pennac expose sa manière de procéder avec ses propres élèves mais il ne se pose pas en exemple à suivre absolument. Au fil des pages, on comprend que le désamour des jeunes pour la lecture le desespère, lui qui est passionné par les livres et avide de les faire découvrir au plus grand nombre. Lui aussi est auteur et sait parfaitement que ses romans sont étudiés à l'école, découverte que les enfants font sans aucune notion de plaisir.

Son but n'est pas de convertir le lecteur à ses idées, simplement de lui faire comprendre d'où vient l'aversion des élèves pour la lecture quand, alors qu'ils n'étaient pas encore en âge de lire, ils réclamaient sans cesse des histoires à leurs parents.

Alternant dialogues, passages fictionnels et exemples concrets, Pennac rappelle aussi aux lecteurs que nous sommes, que la lecture, c'est d'abord s'octroyer une certaine liberté, à travers un essai qui se dévore... comme un roman.

Extrait :

 

  Où donc se cachent tous ces personnages magiques, ces frères, ces sœurs, ces rois, ces reines, ces héros, tant pourchassés par tant de méchants, et qui le soulageaient du souci d’être en l’appelant à leur aide ? Se peut-il qu’ils aient à voir avec ces traces d’encre brutalement écrasée qu’on appelle des lettres ? Se peut-il que ces demi-dieux aient été émiettés à ce point, réduits à ça : des signes d’imprimerie ? Et le livre devenu cet objet ? Drôle de métamorphose ! L’envers de la magie. Ses héros et lui étouffés ensemble dans la muette épaisseur du livre !

Et ce n’est pas la moindre des métamorphoses que cet acharnement de papa et de maman à vouloir, comme la maîtresse, lui faire libérer ce rêve embastillé.

— Alors, qu’est-ce qui lui est arrivé au prince, hein ? J’attends !

Ces parents qui jamais, jamais, quand ils lui lisaient un livre ne se souciaient de savoir s’il avait bien compris que la Belle dormait au bois parce qu’elle s’était piquée à la quenouille, et Blanche-Neige parce qu’elle avait croqué la pomme. (Les premières fois, d’ailleurs, il n’avait pas compris, pas vraiment. Il y avait tant de merveilles, dans ces histoires, tant de jolis mots, et tellement d’émotion ! Il mettait toute son application à attendre son passage préféré, qu’il récitait en lui-même le moment venu ; puis venaient les autres, plus obscurs, où se nouaient tous les mystères, mais peu à peu il comprenait tout ! absolument tout, et savait parfaitement que si la Belle dormait, c’était pour cause de quenouille, et Blanche-Neige pour raison de pomme...)

— Je répète ma question : qu’est-ce qui est arrivé à ce prince quand son père l’a chassé du château ?

Nous insistons, nous insistons. Bon Dieu, il n’est pas pensable que ce gosse n’ait pas compris le contenu de ces quinze lignes ! Ce n’est tout même pas la mer à boire, quinze lignes !

Nous étions son conteur, nous sommes devenu son comptable.

— Puisque c’est comme ça, pas de télévision tout à l’heure !

Eh ! oui...

Oui... La télévision élevée à la dignité de récompense... et, par corollaire, la lecture ravalée au rang de corvée... c’est de nous, cette trouvaille...

 

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Auteur

Blog

Emmalys

15-01-2013

Auteur public

Daniel Pennac

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Comme un roman n'appartient à aucun recueil

 

Chronique terminée ! Merci à Emmalys.

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