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Battement d'ailes. - Chronique

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Battement d'ailes

Résumé (quatrième de couverture) :

Un lieu enchanteur en Sardaigne.

Sur la colline qui domine la mer, au milieu des terres arrachées au maquis, se tient la maison de Madame, dernier bastion de résistance aux barres à touristes. Seule, décalée dans ses robes bizarres cousues main et dans son naïf refus de l'argent, Madame n'est pas conforme.

Quand la nervosité la gagne, que malgré les rites magiques le grand amour se dérobe, elle dévale les deux cents mètres du chemin escarpé jusqu'à la plage et nage vers le large.

Madame dérange, mais pas sa jeune et fantasque amie de quatorze ans, pas le grand-père moqueur, ni le fils aîné des voisins, trompettiste incompris des siens. Eux savent...

 

 

 

Mon avis :

Tourner les pages de ce livre, c’est se laisser entrainer dans le sillon des jupes de « Madame ».

Femme faite héroïne de la singularité, celle-ci nous entraine dans sa quête d’amour quasi désespérée, sur un fond de Sardaigne charmeur et poétique qui chante l’amour et la passion de la terre, qui n’est pas s’en rappeler celui-là même de l’auteur. Attachement aux racines, fascination et attrait pour la nature commun à d’autres auteurs aux racines méditerranéennes et qui parlera à ceux qui savent en apprécier les saveurs.

Et si le contexte sait louer ses charmes sous la plume de Milena, « Madame » elle vous intrigue et vous interpelle avec ce cachet qu’ont ces personnages un peu en marge , un peu en dehors de la commune réalité, mais si riches sous leur facettes humaines, et si semblables et proche de nous dans leur attentes, leur sensibilité et leur failles parfois…

Je vous dirais que le titre, la couverture m’avaient d’emblée conquise, intuition de quelque chose de charmeur et de surprenant à la clef. Espoir qui ne fut aucunement déçu à la découverte de cette femme forte et candide à la fois, aimante, généreuse et aussi si mal récompensée en retour, lucide dans le regard et parfois si naïve dans l’action. Et puis ce cachet, ce charme particulier d’une femme qui est à l’image de la terre qu’elle chéri, puisant dans ses propres ressources pour évoluer, puisant dans ses armoires à cœur de nappes, de draps, et d’autres fantaisie pour se vêtir. Ce goût, cette culture qui transparait pour une vie simple, en dehors de la matérialité. Qui lui insuffle la force de résister aux promoteurs qui la harcèlent, en dépit de la potentielle richesse engendrée, elle résiste force de sa nature, résistante esseulée et souffrant d’un mal d’amour, quitte à s’enliser et s’aigrir dans la terre.

Parce que Madame si forte est aussi si naïve, qu’elle donne comme elle aime sans compter, sans calcul, avec espoir et ferveur, et même le désespoir des rituels magiques auxquels elle abandonne sans complexe son sort.

Il y a également dans son sillage une brochette toute aussi captivante de personnages, une jeune fille de quatorze ans au regard frais et intelligent, au grand-père facétieux grand complice de madame, cette jeune fille qui vous transporte de page en page, celle-ci étant la narratrice ce qui est aussi une vraie originalité, brillante de l’auteur. La voix innocente donnant un contraste intéressant, avec le côté cru de certaines scènes qui prennent un angle moins abrupt. Car il y a, oui, une espèce d’érotisme, mais qui garde un côté sauvage, une espèce de pureté, comme si il était sous l’emprise du lieu, et qu’il s’en était nourrit. Et bien que présent le charme de l’intrigue, est d’alterner justement, de contraster, entre pudeur et exhibition un peu sauvageonne, entre générosité et égoïsme, alterner les facettes pour un regard peut-être plus humain et plus tolérant prennant compte d'une réalité large, ouverte et sans barrière.

 

Réalité qui échappe souvent à l'héroine, mais qui est souvent souligné par le grand-père, ami improbable, par leur croisement un peu suréaliste, comme l'est cette amitiée et cette complicité forte, qui donne des échanges forts et de grands sourrires.

Je pourrais en écrire des pages, parce que malgré le format léger comme l’est le style de la plume, le contenu est riche et propice à interpréter … Je conclurais donc sur le fait que je trouve que Milena Agus à un côté novateur, un imaginaire riche, et des personnages complexes toujours un peu en marge, mais si humains, que tout cela vaut surement un détour, ne serait-ce que pour voir….

 

 

Extraits :

« Quand madame va chez son amant, s’il cuisine pour la semaine, il met la nourriture sous son nez dans le congélateur sans lui dire : « Tu veux goûter ? »Peut-être pense Madame, la désire-t-il si fort qu’il veut aller au lit dare-dare, sans perdre de temps en futilités. Et après l’amour ils sont si fatigués qu’ils n’ont plus le temps à manger.

Grand-père dit à Madame qu’elle ne devrait plus aller chez l’amant parce que, à ce stade, la question n’est pas si l’aime ou non, mais s’il la traite ou non comme un être humain. Quand on cuisine devant un autre être humain, on propose : « Tu veux goûter ? » Tandis que s’il s’agit d’un porte parapluie, on ne pense pas à lui donner à manger. Pas vrai ? »

« Maman dit qu’il ne faut pas prendre grand-père à la lettre, parce qu’il est doté d’un féroce esprit critique et qu’on ne peut regarder le monde ainsi. »

« Grand-père dit que les modèles de Madame font penser à des habits de poupées, mais de poupées soviétiques retrouvées sous les ruines de Stalingrad après le siège. N’empêche qu’au moins on sort de l’ordinaire. On n’en peut plus de ces gens qui achètent, achètent, parce qu’ils n’ont pas d’autre plaisir dans la vie, et la meilleure des révolutions consisterait à ne plus acheter et à tous nous habiller en récupérant de vieilles nappes et des draps usagés. »

 

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Auteur

Blog

npai

27-06-2012

Auteur public

Milena Agus

Couverture

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Battement d'ailes. n'appartient à aucun recueil

 

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