9h52. Départ timide. Soleil effacé.
La tête encombrée de mots, de phrases, de devoirs. Les lettres se bousculent dans ma boîte crânienne, le pied du A s’accroche à la cédille du C. Le S et le E ont les branches entremêlées.
Sortie du village. À droite des champs de maïs, à gauche des champs de maïs.
Monoculture, monochrome, monotone.
Peignez-moi des tournesols, des potirons, des champs de lavande !
Je veux du Cézanne, du Van Gogh !
Les lettres s’évaporent de mon encépahlo, je les vois monter vers le coton des nuages.
Une descente m’entraîne. Je prends de l’élan. Je déplie mes ailes, les bras tendus. Trente mètres d’avion au moment culminant d’Enjoy the silence. Deux tours sur moi-même en guise de looping et j’atterris.
À gauche des épis de maïs, à droite des épis de maïs. Ouf, personne n’a vu mon vol plané.
Par contre, je me suis cramé.
Retour sous un soleil vainqueur. Sourire dans l’effort à la pharmacienne. Plus habitué à l’élégance de ses robes décolletées qu’a sa tenue de jogging.
Je me demande si elle va faire l’avion dans les maïs.
34 mn. 6 km
15-08-2017