Alceste à bicyclette - Philippe ... - Critique de Film, Théatre, série...

Alceste à bicyclette 

Souvenez-vous de vos années sur les bancs de l'école, le genre comique au théâtre, Molière, Le Misanthrope … peut-être même avez-vous dû ingurgiter quelques vers pour le bon plaisir d'un professeur. Fabrice Luchini (Serge Tanneur), comédien et acteur dont la réputation n'est plus à faire et Lambert Wilson (Gauthier Valence) vont s'affronter à coups d'alexandrins dans une petite maison aux odeurs de fosse sceptique à l'île de Ré.

Gauthier, acteur très connu du petit écran, souhaite monter le Misanthrope au Théâtre de l'Atelier à Paris ; alors qu'il commence la distribution des rôles, il part à la recherche de son vieux copain Serge, qui a quitté le métier trois ans auparavant suite à une attaque en justice de la part de son réalisateur enchaînée par des jours de repos forcés à Sainte-Anne.

« Tous des pourris dans le métier », on croit avoir trouvé notre Alceste en ce comédien mal rasé et désillusionné.

Pourtant, lors des répétitions, Gauthier se trompe toujours sur la même réplique « J'ai conçu pour [la nature humaine] une effroyable haine », qui devient indicible. Ca en dit long sur le personnage. Gauthier devient plus torturé qu'il n'y paraît, il ne supporte pas son rôle de médecin au petit écran, le duo s'enflamme fréquemment, pour des coups de téléphone en pleine répétition, une diction trop ancienne …

Des escapades à bicyclette dans la nature, des recherches de maison sur l'île dont le micro climat fait la fierté de ses habitants, la rencontre de la ravissante Francesca (Maya Sansa), qui mettra du liant entre nos deux bombes à retardement. Du Molière entrecoupé de Jimmy Fontana qui entonne « Il mondo » lors d'un trajet en voiture précédant une vasectomie …

Délirant et extrêmement sérieux … cynique peut être ? Echangeant les rôles d'Alceste et Philinte, on ne sait plus lequel de Serge ou de Gauthier est le vrai misanthrope. Les deux se battent jusqu'à la fin sur la scène de la vie pour savoir qui prétendra au rôle : l'ermite viscéral ou le mondain ?

Molière reste toujours aussi moderne ...