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A George Sand - Domaine Public

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george sand par alfred de musset

Dessin de George Sand par Alfred de Musset

 

A George Sand


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I

Te voilà revenu, dans mes nuits étoilées,

Bel ange aux yeux d'azur, aux paupières voilées,

Amour, mon bien suprême, et que j'avais perdu !

J'ai cru, pendant trois ans, te vaincre et te maudire,

Et toi, les yeux en pleurs, avec ton doux sourire,

Au chevet de mon lit, te voilà revenu.

 

Eh bien, deux mots de toi m'ont fait le roi du monde,

Mets la main sur mon cœur, sa blessure est profonde ;

Élargis-la, bel ange, et qu'il en soit brisé !

Jamais amant aimé, mourant sur sa maîtresse,

N'a sur des yeux plus noirs bu la céleste ivresse,

Nul sur un plus beau front ne t'a jamais baisé !

II

Telle de l'Angelus, la cloche matinale

Fait dans les carrefours hurler les chiens errants,

Tel ton luth chaste et pur, trempé dans l'eau lustrale,

Ô George, a fait pousser de hideux aboiements,

 

Mais quand les vents sifflaient sur ta muse au front pâle,

Tu n'as pu renouer tes longs cheveux flottants ;

Tu savais que Phébé, l'Étoile virginale

Qui soulève les mers, fait baver les serpents.

 

Tu n'as pas répondu, même par un sourire,

A ceux qui s'épuisaient en tourments inconnus,

Pour mettre un peu de fange autour de tes pieds nus.

 

Comme Desdémona, t'inclinant sur ta lyre,

Quand l'orage a passé tu n'as pas écouté,

Et tes grands yeux rêveurs ne s'en sont pas douté.

III

Puisque votre moulin tourne avec tous les vents,

Allez, braves humains, où le vent vous entraîne ;

Jouez, en bons bouffons, la comédie humaine ;

Je vous ai trop connus pour être de vos gens.

 

Ne croyez pourtant pas qu'en quittant votre scène,

Je garde contre vous ni colère ni haine,

Vous qui m'avez fait vieux peut-être avant le temps ;

Peu d'entre vous sont bons, moins encor sont méchants.

 

Et nous, vivons à l'ombre, ô ma belle maîtresse !

Faisons-nous des amours qui n'aient pas de vieillesse ;

Que l'on dise de nous, quand nous mourrons tous deux :

 

Ils n'ont jamais connu la crainte ni l'envie ;

Voilà le sentier vert où, durant cette vie,

En se parlant tout bas, ils souriaient entre eux.

IV

Il faudra bien t'y faire à cette solitude,

Pauvre coeur insensé, tout prêt à se rouvrir,

Qui sait si mal aimer et sait si bien souffrir.

Il faudra bien t'y faire ; et sois sûr que l'étude,

 

La veille et le travail ne pourront te guérir.

Tu vas, pendant longtemps, faire un métier bien rude,

Toi, pauvre enfant gâté, qui n'as pas l'habitude

D'attendre vainement et sans rien voir venir.

 

Et pourtant, ô mon cœur, quand tu l'auras perdue,

Si tu vas quelque part attendre sa venue,

Sur la plage déserte en vain tu l'attendras.

 

Car c'est toi qu'elle fuit de contrée en contrée,

Cherchant sur cette terre une tombe ignorée,

Dans quelque triste lieu qu'on ne te dira pas.

V

Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus

De tout ce que mon cœur renfermait de tendresse,

Quand, dans nuit profonde, ô ma belle maîtresse,

Je venais en pleurant tomber dans tes bras nus !

 

La mémoire en est morte, un jour te l'a ravie

Et cet amour si doux, qui faisait sur la vie

Glisser dans un baiser nos deux cœurs confondus,

Toi qui me l'as appris, tu ne t'en souviens plus.

VI

Porte ta vie ailleurs, ô toi qui fus ma vie ;

Verse ailleurs ce trésor que j'avais pour tout bien.

Va chercher d'autres lieux, toi qui fus ma patrie,

Va fleurir, ô soleil, ô ma belle chérie,

Fais riche un autre amour et souviens-toi du mien.

 

Laisse mon souvenir te suivre loin de France ;

Qu'il parte sur ton cœur, pauvre bouquet fané,

Lorsque tu l'as cueilli, j'ai connu l'Espérance,

Je croyais au bonheur, et toute ma souffrance

Est de l'avoir perdu sans te l'avoir donné.

 

 

 

 

Vers joints à la lettre du 30avril 1834, adressée à George Sand,

pour la lire :

http://www.de-plume-en-plume.fr/histoire/correspondance-de-george-sand-et-alfred-de-musset/2

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Proposé par

Paradise

Auteur

Blog

Alfred de Musset

22-07-2012

Couverture

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A George Sand n'appartient à aucun recueil

 

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