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Ecrire, n'est ce pas composer ? - Commentaires

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Ancolies

Ancolies Le 04-08-2021 à 16:18

En effet Catherine, une fois l’œuvre (bien grand mot) livrée, elle n'appartient plus à son auteur. Il porte la lourde responsabilité de ce qu'il aura transmis, surtout s'il s'agit de mélancolie. J'adhère au principe que ladite œuvre doit provenir du vécu, de l'émotion de son auteur, faute de quoi elle ne pèse guère lourd. En ce siècle de traitement de textes, nous avons la chance de pouvoir facilement polir, repolir et polir encore et encore nos écrits, une nécessité, et je me demande souvent comment s'y prenaient nos anciens, à raturer, corriger, devoir maintes fois recopier... Écrire et se livrer, qui confine parfois à l'obscénité, jusqu'où peut-on aller ? et continuer de vivre seul, c'est bien cela. D'autant que nous sommes tels les cruciverbistes qui n'achèvent une grille que pour en entamer une autre. Qu'importe ce qui a déjà été couché, chaque jour l'important est le nouvel écrit à venir. Parfois la période est faste, la prairie est verte, parfois la muse s'en est partie dans les nuages gris et sait-on jamais si elle reviendra se poser par ici. L'écrivain est sans fin.

cevenol

cevenol Le 10-09-2015 à 0:29

Je découvres ton texte,Catherine,et je m'empresse de venir témoigner de mon émotion après cette formidable lecture.Tout est rigoureusement exact dans cette analyse ,remarquable,des motivations qui conduisent à l'écriture,de cette passion qui s'installe,de cette volonté de partage avec des lecteurs inconnus,juste pour le plaisir d'exprimer ce que notre cœur recèle de sensibilité parfois exacerbée,car les poètes et les écrivains sont des passionnés fougueux,qui interpellent le monde de leurs plumes en porte-voix,en se découvrant au passage,en disposant des projecteurs sur le clair-obscur de leurs âmes pour qu'elles témoignent que l'espoir luit toujours quelque part,que l'on peut revivre en lisant et renaitre en écrivant.Ecrire,c'est vouloir s'ouvrir,c'est partir à la conquête de son propre Océan, humblement mais sans limite,sur les ailes de sa plume ,azur et légère,puis sombre et mélancolique,dans les univers de la météorologie littéraire...Ecrire,c'est tatonner,progresser,acquérir de l'expérience,quelques modestes certitudes,se décourager,parfois,s'enthousiasmer,souvent,pour une idée,un thème,un poème, un roman,un essai,une nouvelle,que sais-je encore...!se dire,en fin de compte,que l'on participe à notre manière,à notre niveau,à la grande aventure humaine de l'écriture,qui reste le lien de l'humanité,fort,émouvant,éternellement vivant...Merci pour cette réflexion,et pour le talent que ta plume lumineuse apporte à tes textes que j'apprécie beaucoup.  à très bientôt. Noel.

Cathou inafrica

Cathou inafrica Le 16-03-2015 à 22:16

Jenny, bonsoir. Je ne suis jamais rapide pour répondre aux commentaires mais j'ai largement exagéré. Je reprends celui-ci par la fin; oui, effectivement, je pense que DPP est largement couvert de tes apports sur l'écriture ;-)) Mais je constate aussi qu'au bout de tant d'années dans ce domaine, j'en parle et en reparle, j'écris et ré écris et toujours évolue en la matière. -*-*-*-
Je suppose que même si tu t'es beaucoup exprimée, tu as annoncé diverses choses et as fait évoluer tes propos et surtout fait réfléchir ceux à qui tu les as adressés. -*-*-*- Quant à la direction de la plume ou de l'auteur, elle est un passage constant de l'un à l'autre.
A ce propos, il y a un instant qui me fait vibrer en écriture. Je commence toujours un texte au stylo plume encre noire, sur un cahier, par une page qui est un vraie routine. Ma plume s'installe, elle dirige ma main, ma réflexion, et puis j'ai ce besoin de manipuler, de sentir se réchauffer mes doigts autour d'elle (la sculpture me manque). Elle choisit des mots, dessine, gribouille, rature puis se lance. Et sans que je sache vraiment pourquoi, elle se pose et je prends le clavier pour continuer le texte auquel je rajoute, ou pas, ce que ma plume a rédigé avant moi. Tu sais bien qui est le Seigneur de ma plume depuis ces derniers mois et bien, rien n'a changé. Le passage se fait de la plume au clavier en un instant de pur bonheur, je me sens accompagnée et quel que soit le contenu du texte, son origine, son intensité, sa densité de bonheur ou de malheur, de rires ou de pleurs, de nostalgie ou de joie, le voyage se fait, près des nuages ou dans les rouleaux de l'océan mon ami.
Je pars à la recherche de cette phrase qui sera l'accomplissement de mon écrit, trouver au moins une chose qui n'a pas encore été dite, sans quoi il s'agira d'une banale rédaction scolaire. Alors je nettoie ma plume, je range mon clavier, je remercie mon Seigneur et je dépose ma feuille à la jonction des chemins de passage des lecteurs. Elle leur appartient, qu'ils lisent et comprennent à la mesure de leur entendement.
"Un bel écrit doit transpirer la vérité, le vécu, la fragilité de son auteur, mais également l'humilité et le respect de la pensée. Sous peine de ne produire que de la fadaise, ou des mots alignés sans valeur." C. Guerry. Je termine par cette citation que j'aime beaucoup. Elle est récente, et je la complète par cette autre du même auteur: ""Je n'aime pas mâcher les réflexions, que les lecteurs s'en débrouillent" .
Voila, je viens de te dire mes dernières réflexions pour cette période en matière d'écriture.
Je te remercie pour l'attention que tu as portée à mes lignes. Catherine

Jenny

Jenny Le 27-02-2015 à 0:17

On ne peut effacer son verbe mais on peut reprendre son mot. N’est-ce pas là une raison pour préférer l’écriture à toute autre expression. Fixer sa pensée et la graver dans son marbre, lui donner vie pour la prolonger. On se recueille dans ses mots aussi bien pour se délivrer que se défouler. Ecrire est un acte solitaire qui nous transporte dans un autre univers où le sens des mots ne peut se satisfaire du factice. En cela composer, c’est s’introduire dans un espace confiné dont on cherchera à pousser les murs pour ne pas être privé d’air, et à percer des fenêtres pour laisser entrer la lumière. Enfin installé, on prendra une bouffée d’oxygène pour accoucher de cette mélodie qu’il nous appartient d’aimer. Comment dissocier la musique des mots, comment savoir qui préside à l’autre, qui dirige la plume quand les mots courent devant nous et que la page se noircit ou se déchire pour se taire dans le plus grand des silences.
Y a-t-il un mot meilleur que l’autre pour décrire les couleurs qui défilent au gré de nos humeurs ; le mot marque une pause et puis reprend son ascension toujours plus haut pour le plaisir de dévaler une pente jusqu’à ce que la fin trouve son point culminant.
Ecrire, c’est voler au-dessus de l’océan ou des montagnes ; celui qui a peur de tomber dans le vide ralentit pour mieux déployer ses ailes. C’est un voyage vers l’inconnu qui nous emmène à l’intérieur de nous-mêmes.
Ecrire est une chose, être compris de ceux qui nous lisent, quand on est lus, est encore une autre lecture de cette écriture.
Merci Cathou, pour tes mots bien ordonnés, sage invitation à nous exprimer. Jenny :)
(Même si j’ai bien l’impression que depuis que je suis sur ce site, j’ai dû bavarder sur ce sujet, un bon nombre de fois. ;))

Cathou inafrica

Cathou inafrica Le 26-02-2015 à 17:00

Chris, j'aimerais n'avoir que de fastidieuses délibérations comme celles ci en com !! Ta "théorie" sur les prophètes met en mots ce que je pense de la "mission" de l'écrivain.A quel niveau que l'on situe ce dernier. Qu'il joue dans le carré des grands, dans la cour des plus petits ou dans le pré avec le peuple, celui qui tient la plume a parfaitement ce rôle. Je suis totalement en accord avec toi. Je suis d'ailleurs très fière de vos coms sur mon texte et la théorie de la composition de Fanch et ta théorie des prophètes me comblent. Elles sont tout à fait des points que je développerai en parlant à mes étudiants. Il est rare de rencontrer des artistes, pourtant reconnus, qui aient une réflexion aussi fine que la votre. Merci beaucoup Catherine

Cathou inafrica

Cathou inafrica Le 26-02-2015 à 15:57

Fanch, rebonjour. je me la fais boulet une fois de plus ! je t'avais répondu ainsi qu'à Chris et je me rends compte que je n'ais pas dû valider... sénilité précoce? alzeimachin ou tête dans les nuages? je ne sais que choisir ! pff... Oui la composition est forte et le lien avec la musique encore plus. J'aimerais que nous
abordions aussi ce sujet et vais m'employer à son lancement ! Composer c'est "écrire de la musique" Ecrire, c'est "composer avec les mots", une fois de plus, je sens que sans t'en demander la permission, je vais user de tes mots pour démarrer ! Merci mon ami. Catherine

Cathou inafrica

Cathou inafrica Le 26-02-2015 à 15:41

Marjoline j'ai éclaté de rire en te lisant. C'est promis, nous accèderons à ta demande !ahahaha !! Merci beaucoup pour ta reconnaissance en mon texte Fatima. Je l'apprécie énormément. Catherine

Fatima

Le 23-02-2015 à 23:44

Ecrire c'est se déshabiller ? Oh, mon Dieu et devant tout le monde ? Et moi qui croyais au début qu'écrire c'est dénoncer les travers d'autrui, oui sincèrement je le pensais, mais il s'est avéré que, sans m'y attendre, je me déshabillais. Finalement, je est un autre ! Allô, écrivains de Dpp, ne soufflez rien, s'il vous plait, touchant ce que vous savez de moi ! :)J'adhère à tout ce que tu as dis sur l'écriture, Cathou :)

czerny31

czerny31 Le 22-02-2015 à 13:20

Un grand merci pour ce texte qui non seulement explique ce qu'est vraiment écrire, mais qui en plus en est une manifestation et de haute volée. J'adhère à fond dans tout ce qui est dit au travers de ces échanges, quant à la solitude de l'écrivain, à ce besoin de dire, d'écrire... qui pourra le laisser vulnérable mais ô combien enrichi dés que sa plume aura couvert la page. J'adhère également à l'aspect artistique et poétique qui fait que chaque écrit s'il parle du cœur, est une véritable composition, tout comme le sont le tableau, la symphonie, la sculpture. Sans vouloir ajouter une touche de religiosité à ce débat, il m'arrive de comparer les écrivains à des prophètes (bien modestement) qui seraient les antennes destinées à recevoir des bribes d'une Pensée humaine qui nous dépasserait tous, mais qui aurait besoin de communiquer avec l'Homme pour son épanouissement... Ainsi, chaque écrivain-prophète, serait presque une victime de cette dictée, ce qui expliquerait aussi ce sentiment de solitude et de fragilité, face à cette pensée immense dont il n'a perçu qu'une infime parcelle qu'il aura pu capter, sans forcément percevoir la portée de son écrit, ni la place réelle qu'il occupera dans cette pensée universelle. Les prophètes auront d'ailleurs souvent été persécutés ou adorés, selon la perception de leurs écrits ou de leurs dires, puisque n'ayant reçu que des bribes, des pièces d'un immense puzzle. Ils sont en position d'extrême fragilité en nous les livrant, sans forcément maîtriser le fil conducteur qui les relie. C'est pourquoi, également, un bel écrit doit transpirer la vérité, le vécu, la fragilité de son auteur, mais également l'humilité et le respect de cette pensée, sous peine de ne produire que de la fadaise, ou des mots alignés sans valeur. Merci pour cette réflexion et pardon pour mes fastidieuses déblatérations. Au plaisir - Christian

Cathou inafrica

Cathou inafrica Le 21-02-2015 à 23:35

Waoww Paulette, merci, je rougis de ce commentaire fort agréable. Mais ce texte a été induit par l'artiste qui m'a envoyé le poème de base, la muse était au rendez-vous et du coup la plume a couru. Il est facile d'écrire quand on est entouré et soutenu par des amis sensibles et poètes. Encore merci pour ce passage sur mon texte. catherine

Montagnon

Montagnon Le 21-02-2015 à 19:12

Catherine, je ne dirai rien sur le "poète", il n'a fait que répondre à une interrogation partie d'ailleurs. Je ne dirai rien sur la forme, poésie ou prose, c'st la même chose si l'on se dévoile vraiment. Je ne dirai rien sur le fond, enfin plus rien, car si le "poète" s'est dévoilé en peu de mots c'est parce qu'il invitait les lecteurs à poursuivre la réflexion, ce que tu fais ici si bien et si profondément. Je ne reprendrai que ton titre "Ecrire, n'est-ce pas composer ?" . C'est ! Et ce n'est que cela. Pour moi les mots ont une musique, les mots sont musique. Ils ne s'assemblent que dans la communion avec les autres.Seuls, ils ne sont rien, assemblés sans discernement ils ne sont que fatras. La page blanche est comme une page de papier à musique et le manuscrit doit être une partition audible et "partageable" pour être "vraie". Et je suis bien persuadé que le compositeur pense la même chose de ses partitions.
Composer c'est "écrire de la musique"  Ecrire, c'est "composer avec les mots".
Que j'aimerais que la discussion se lance ici avec les autres contributeurs de DPP. Qui viendra ? En tous les cas, merci de cette introspection.

Paulette Pairoy-Dupré

Paulette Pairoy-Dupré Le 21-02-2015 à 18:30

Remarquable page d'écriture ! J'ai beaucoup aimé ce texte ! "Le déshabillage qui coûte à l'écrivain" !Que c'est vrai ! Merci pour ce beau moment de lecture !