Textes courts en ligne - Bibliothèque

Texte court

Tel le sablier que l'on retourne, ma main, malgré mes doigts serrés, laissait une nouvelle fois s'écouler lentement le sable fin. Comme hypnotisé par ce simple spectacle, je regardais avec envie ces grains de sable qui, suffisamment légers, avaient la chance d'être emportés au loin par cette brise ininterrompue. Souvent je rêvais que cette brise gonflait la voile d'un bateau imaginaire, lequel m'arrachait enfin à ce morceau de terre.

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Non Alexis, les gens ne sont pas éternels, pas parfaits. Alors on s’en fabrique, des presque-plus-que-mieux, des vivants et des mots, des âmes poussière. On invente les gens qu’on aime, en gommant les défauts, on met des artifices dans des conversations fumée. On s’imagine les embrasser, les tenir entre nos bras. On leur invente une vie, des sentiments qu’ils n’auront jamais, tellement c’est fort, puissant, tellement c’est dénué de sens. On tricote au fils de vie, on ne s’en rend même pas vr...

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1- Cette nuit je m’endors paisible... Ai-je raison ? Les ombres sont-elles nuisibles ? Je ne le saurais jamais si en fermant les yeux je me rends invisible. Si je deviens ombre moi même, peut-être pourrais-je aller à leur rencontre, ou elles à moi... Alors c'est les volets fermés que je laisse l'obscurité m'étreindre. Dans le silence j'invoque les ombres. Je les sens. Elles sont là. J'essaye maintenant de regarder autour de moi, à la recherche du moindre indice de leur présence, Mais seuls me...

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* Pour un reflet de l'asthénie Un briquet délaissé du feu Va s'empoussiérant tout au fond D'un vermeil qui forme ce voeu : " S'effeuille sur nous l'hélénie ! " * Ces limbes, après les intermittences de la harpe, après la blancheur éclatante et les ors du cercueil qui s'en allait par une après-midi de février confondant lignes et nuances dans l'irréelle lenteur neigeant, cette absence s'est muée d'abord en rêve insistant, avec la fixité d'un visage de platine qui tenait du sphinx et du séraphi...

Texte court

Toucher le fond du bout des doigts, et sentir que tu me tires en te laissant couler toi. Comme j'aimerais rendre ce mouvement constant et continuer en te tirant moi. En oubliant que ces efforts sont vains, en cessant de penser que l'on finira noyés. Me relaisser couler seulement pour voir à nouveau ta main se tendre. Rester dans l'eau pour ensemble mourir en paix. J'ai menti en assurant que ma joie et la tienne ne faisaient qu'une. Je l'ai su tout de suite que loin de toi je ne serais que lac...

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Je suis assise à une table ronde, blanche, hiéroglyphée de brun clair et ceinturée de noir luisant ; entre les taciturnités des escaliers s'arque un sol carrelé de cyan et d'écru. En face, dans l'encadrement d'une porte vitrée, quand bien même grisaillerait une terrasse dont le cailloutis serait surmonté d'un paysage lointain, c'est surtout, enchâssés dans l'espace, des croisements que je perçois : l'un d'entre eux, le plus complexe, opulemment radié, et comme le foyer des autres, sobres inte...

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Ce mec en entier est un putain de mystère. Tout, ses manières, ses attitudes, tout en lui respire un truc que j'arrive pas à identifier. Y'a des gens comme ça. Des âmes qui flottent. Impossible de savoir d'où elles viennent, elles sont là, c'est tout. Ça donne des gens dont on se souvient... souvent on sait pas trop quoi en penser, mais ces petites poussières de vie, forcément ça donne des frissons. Y'a des cœurs pendus au fil de vie, des gens qui avancent pas, mais qu'on suit. Parce qu'au f...

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Aujourd'hui je ne pouvais plus écrire. À chaque phrase posée, mon cœur tremblait, mon stylo vacillait et ma feuille presque blanche se pliait pour mieux cacher l'échec. Je venais d'annoncer à tous mon nouveau métier d'écrivain ; mais jour deux plus rien... Je saute sur mon ordinateur, dans la barre de recherche je tape « écrire dans la douleur ». Mais toujours rien. Là, je suis seul. Seul face à ma demie page blanche, qui de nouveau me fait peur. Hier encore je bénissais la page blanche, je ...

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La tempête Vois-tu au loin le ciel qui s’obscurcit ? C’est un rideau de pluie. Un rideau de fer, qui lacère et qui tranche. Il détruit tout sur son passage, laissant des ruines noyées sous le déluge. Vois-tu au loin briller l’horizon ? Si lointain, que l’on ne peut atteindre ? La mer si épaisse. Sirupeuse. Visqueuse comme de l’huile. Noir comme une nappe de pétrole. En un éclair, elle pourrait s’enflamm...

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Tu vois cette fille qui regarde toujours au loin... jamais vraiment dans les yeux. Elle a toujours les yeux vides, le cœur sous le sel. Elle te dira toujours que c'est une poussière sous les paupières. Elle cache ses traumas sous des gros manteaux. Cette fille-là elle a au fond des yeux toutes les vies qu'elle n'a jamais vécues. Elle te dira jamais vraiment tout ce qu'elle sait de toi. Parce que c'est clair qu'elle en sait plus que les autres. Pour elle tu es un livre. Un putain de livre. El...

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Y'a des âmes un peu fêlées. Sûrement pour laisser passer la lumière. Y'a des âmes un peu félées et souvent... souvent leurs fissures portent un peu de moi en elles... Je crois. On sait jamais trop pourquoi, mais les fissures sont là, on les voit au fond des yeux, ces déchirures de l'âme. On les sent. Et parfois j'ai l'impression que mon coeur se dérobe tellement le plancher est pourri. Au fond de moi ça se délite, ça fait longtemps que j'ai plus souri. J'ai une vague à l'âme. Je sais que c'e...

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Il lui fut signifié que d'entre leurs myriades quelques-unes seulement devraient demeurer. Et, de lui seul, relèverait l'anthologie des étoiles. Pour l'accomplissement de cette tâche, une heure, toutefois la plus propice à l'éclat, lui était accordée. L'effroi le saisit, qui dessinait si nettement, sous les palpitances feues, la contemplation de son amie... de son amie, là-bas, si loin... son âme soeur d'Orient... Et déjà dans le silence de ses larmes s'éteignaient en coulant de longues const...

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Mon seul moment de liberté se situe exactement à 4h35 du matin, juste avant que la caserne ouvre les yeux. Seul-e à seul-e avec moi-même, je peux me contempler tel-le que je suis vraiment : nu-e devant la glace. Je rêve de m'habiller en celle que je ne suis pas, contraint-e de me cacher dans cet habit qui me colle si mal à ma peau. Le clairon sonne, je dois me dépêcher si je ne veux pas être découvert-e. Aujourd'hui dois-je prendre mon sous-vêtement kaki ou cette petite dentelle que j’ai ach...

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Allez un peu de tristesse malheureusement souvent réelle... voilà un texte que j'avais imaginé et ecrit... (Harcelée).... Qu'il est court ce chemin qui emmène Charlotte au collège qui porte pourtant un joli nom " HUMANITÉ " d'une ville de France , Et pourtant il faut le franchir ce portail pour se retrouver dans cette triste cour d'école qui devrait pourtant être gaie pour des enfants qui attendent la sonnerie qui annoncera le début des cours !! Mais la méchante voix de Jessica la ramène à l...

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Il habite depuis toujours mon jardin. Peut-être a-t-il élu domicile spontanément. Mais alors, ignorant de la face sombre de la nature humaine, il a bien mal choisi son coin de terre à l'angle de la clôture. Depuis toujours, trois jardins l'accueillent volontiers en bonne entente, habitués de la campagne et de l'amour des plantes. Nous partageons sa beauté rayonnante autant que ses bienfaits sur notre santé et nos papilles gourmandes. Un hiver de grand gel l'a épuisé, couvert d'une teinte rou...

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Elle disait : « À quel moment de lucide et d'évidence, au filigrané de l'asthénique procès, ce nom de se lia-t-il à ma complexion, jusqu'à éteindre celui que m'avaient donné les êtres dont je naquis charnellement ?... Le moment, heureux paroxysme des inespoirs, de re-naître de poème... Voilà des racines grecques qui disent "briller" et "sang"... Le sang brille, le sang luit, le sang éclaire. À la lueur de ce carminé flambeau, les tableaux, les choses, les créatures dont je suis environnée, pa...

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Beltrame, Guerrier et Chrétien, sans arme tu t’es rendu, car tu voulais Sauver. La Sauvagerie, pas comme lui, tu y as renoncé : tu aurais pu, cette créature, la tuer. Dernier des derniers Justes, ou précurseur des Nouveaux, ce n’est pas à toi de le prouver. J’ignore si tu existes, quelque part, parmi d’autres, mais désormais de ton exemple on se souviendra. La jeunesse de chez toi a eu son exemple, elle n’a plus d’excuses. Se battre, ou baisser la tête. Mais au fait, qui suis-je, moi qui ne ...

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Heures d’été 1 Sur l’air des flonflons on s’est mis l’cœur en vrac Rythme impair mon pote, mais ça faisait tic-tac Tu m’voulais comme t’étais en rêve nous de Toi Mais pas su pas voulu; le rêve, pas pour moi P’tits cons T’as vu les autres on se disait, le voient mêm’ pas Comme ils sont tartes ces allumés du cabochon Parlent pas, vivent pas, répètent leur ronron Comme ils ont tort et pèsent de leurs tralalas Grands cons Faut qu’ça change, nom de merde, faut qu’ça pète, nom de dieu Et moi et moi...

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Son reste pare-balles en chlorophylle d’abondance, le bleu lui cajole la racine des pattes. À pas vautrés, dans le torrent rigide de la pluie insultante, il recule en avance sur son temps. Une terre risible du sang dessus, songe dessous, une eau déviante, qui archange même sa propre plongée, un air purifié au gaz masochiste, une tierce maison noire suivant de près les questions et la réponse. De son vivant, le scotch des érables était une valeur aussi sûre que l’aster virulente, que l’ordâtr...

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De la blessure enracinée est née une haine irrationnelle. Une attirance pour la Mort qui est presque passionnelle Les obligeant à porter en elles le côté sombre du Monde, A survivre à cette Mélancolie douloureuse et profonde… Elles se nourrissent, toujours inassouvies, D’illusions d’amour absolu et infini. Il y a aussi cette crainte de quitter qui les poursuit Et la peur d’être délaissée d’une petite fille Qu’elles tentent en vain de maîtriser. La contrariété, le rejet, le bruit les enragent...

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I Le vent froid de février souffle sur les toîts, Que puis-je faire de mes jours, de mes mots, ma foi Que de tenter de m'échapper encore une fois? Les fumées blanches donnent à la ville irritée Une bien triste figure aux yeux démesurés, Par un matin hagard, la rue , le hall de gare, Ton pas ferme te malmène, souvent sans crier gare, Dans ta pupille, toutes les scories de la nuit! Une vitrine encagée, des visages endormis, Un corps que tu convoites: la femme de ton voisin? Funestes tromperies...

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On ne le dirait pas. C’est qu’il faut du travail Sur soi et chaque instant, sans prôner en harpail, Pour moins nuire et se nuire, plus aimer sans tenailles, Toujours moins imposer mes certaines trouvailles On m’en fera reproche. On m’interprétera Et même on me dira ô fillette agitée, agitante et toujours en question Tu balbuties tes dires et tes quelques actions, Du savoir dire et faire écoute mes leçons Et tu sauras alors faire communication, Et je vais te grandir et tu vas t’affermir Et sûr...

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Je suis descendue dans mon jardin pour y cueillir du romarin, ce dont mon lapin avait besoin. Je n’en avais pas cueilli trois brins que j’aperçus au fond de mon jardin un joli coquelicot. Et oui, Mesdames ! Je me demande d’ailleurs si ce n’était pas plutôt un pavot tellement il était gros. Qui sait ? Un oiseau aura peut-être volé la graine chez un narco pour la planter là au beau milieu de mon enclos. Comme il n’y avait point de rossignol en mon jardin, je ne pus savoir si s’en était un, enco...

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J’ai déjà profondément aimé, mais jamais été aimé. C’est comme si mon amie : la parole, se dérobait à chaque fois qu’une jeune demoiselle me plaisait. Je n’ai jamais osé parler d’amour et c’est peut-être mon seul vrai regret. Je crois que si je trouvais celui qui a créé l’amour, je le tuerais ! L’amour, c’est la souffrance et cela je l’ai compris dès ma première rencontre avec elle. J’avais mal au cœur physiquement, je me sentais fatigué et agacé parce que celle que j’aimais me manquait prof...

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Elle devait être belle sous ce gros pull. Je me suis demandé un instant pourquoi elle se cachait comme ça. Et puis j'ai compris. Ce qu'elle cherchait à dissimuler, ça n'était pas son corps de jeune femme, ses formes naissantes sous le noir du tissus. Non ce qu'elle cachait c'était son âme, ses blessures, ses ratures, les couches superposées d'années de souffrances, le voile de satin que le temps avait déposé sur sa vie. Elle avait toujours le regard perdu, écouteurs dans les oreilles, les ye...