Poèmes classiques en ligne - Bibliothèque

Poème Classique

De longs doigts vermoulus sautent de noires en blanches Puis léger sur les touches, ils se posent doucement Carressant mi, frôlant do, ré mi fa sol do mi La main qui les tient semble d'une momie Délicate et surfine, tendue de ligaments, C'est la main d'un vieillard au concert du dimanche. Arrivé sur la scène le menton penché, Son pauvre dos voûté par le poids des semaines, Le bossus nous semblait pourtant à bout d'haleine. Le public, par pitié, comme pour cacher sa peine L'applaudit à tout r...

Poème Classique

Sur la blancheur sibylline de la toile Sa folie esquisse le cri, l'exil, l'oubli Et son oreille meurtrie d'aigreur ennemie Parchemine l'oraison de son étoile Iris, soleils, s'enflamment dans de longs râles Et mêlé à ses couleurs inconnues, il fuit La chaleur harassante d'une nuit rougie Par l'absinthe et les femmes immorales Mais soudain son regard transperce le tableau Le noir tourment des cicatrices des corbeaux L'emprisonne dans le fol carcan du dessein L'ombre pantelante, livrée à sa fure...

Poème Classique

Assis devant ma glace Je me tiens à ma place Feuilletant en chantant Un livret entêtant Regorgeant de garçons Aux regards polissons. Sur le papier couché(s) Certains effarouchés, D'autres à l'air apaisé, Ils semblent pavoiser Exhibant leur chevelure Redressant l'encolure. Tantôt tendres et passifs Tantôt suants et lascifs Quelques uns s'abandonnent A leurs airs de garçonnes, Tandis que quelques autres Prennent un air d'apôtre. Ils offrent leur peau lisse Leurs yeux pleins de malice A mon reg...

Poème Classique

Approche une douce et intense obscurité Et je divague devant le soleil couché Le jour d’un pas un peu lent termine sa danse Pour que la terrible nuit noire s’avance Mon corps trop épuisé voudrait bien la suivre Quand mon esprit rebelle cherche à lui survivre Mais où va ce soir mon bel imaginaire, Sur quel continent, quelle nouvelle terre ? Je le sens se diriger vers une île mystère Alors que je te rêve comme femme mère. Formidable épopée de vie, et vrai défi Tu as accouché cette nuit, j’ai b...

Poème Classique

Bleu(s) Une fois de plus la télé m'a veillé. Une nuit de plus, ma cellule endeuillée A pleuré ton absence A crié ton départ S'est parée de tons , a recouvert les ors. Séparé de ton corps, mon corps couvert de bleus Se repose en silence, blotti sur l'oreiller, N'ayant pour compagnie qu'un maigre traversin Et la froide présence des écrans assassins, Ils me captent, ils m'attirent, ils me happent, ils m'enserrent. Indolent, léthargique, somnolent, apathique, Je me livre et je glisse sur ce vers...

Poème Classique

Pour vous j’irai cueillir chaque beauté du monde, Les roses et les violettes mais aussi les jasmins, Nichées dans les brindilles, des fleurs qui se morfondent Dans l’espoir qu’un enfant les prenne par la main. Un poète a écrit qu’une fleur fraîche éclose Délaissée par l’amour s’étiole et puis se fane. Une femme a besoin de beaucoup d’autres choses, De multiples fragrances inconnues d’un profane. Pour garnir un bouquet merveilleux, magnifique, J’ai sillonné les champs, les vallons et les bois...

Poème Classique

Je n'peux plus vivre dans vos mensonges Dans votre monde sorti d'un songe Immonde peuplé de vos démons, Des ces fantômes que vos poumons Répandent au fil des sermons. Vous reniez ce que nos pères Ont inventé durant ces ères Pour nous sortir de l'ignorance, Nous garder de la décadence Et mettre un terme à notre errance. Quel est ce temps béni des dieux Tellement parfait que nos aïeux N'ont eu de cesse que de le fuir Pour aller boire l'élixir Et de science s'épanouir ? C'est une belle après-mi...

Poème Classique

Amina, Amina, quelques mots ont suffi Les soirées passées à deux se sont succédé A la lueur de ton âme, la mienne éblouie Amour de ma vie, dans mon coeur tu es entrée Aristophane, mon complice, j'ai vécu son mythe Kringho, plutôt baghrir, tu m'as fait découvrir Réunis à Poitiers, l'évidence s'effrite Ana tani, bali maak, ne veulent plus rien dire Mon baiser maladroit est pourtant explicite Amina, Amina, tes mots doux m'ont réjoui Les nuits matinales qu'on ne pouvait arrêter Aucune n'oubliera...

Poème Classique

Les aînés. Ils ont les yeux humides, perdus dans leurs pensées ; Ne savent plus très bien s’il faut y croire encore. Les "vieux" se désespèrent, sont décontenancés, Attendent leur vaccin, rempart contre la mort. Les adultes. Ce sont eux qui résistent en toutes circonstances : Face à tout le marasme, ils luttent vaillamment ; Ils font le maximum malgré leur impatience En espérant bientôt la fin de leurs tourments. Les enfants. La jeunesse leur donne l’occasion d’être heureux. Quand bien même ...

Poème Classique

Je marche d'un pas leste Dans la poudre céleste Recouvrant la banquise, La mer cette marquise. L'hiver l'a refroidie ; J'entends la mélodie Triste de l'aquilon Qui traverse, au long D'un hiver prolongé, Les flots endommagés Par la froideur brûlante Des glaces insolentes. J'aperçois l'ours polaire ; J'ai tout pour lui déplaire ; Son grognement sinistre Évoque la mort bistre D'un hiver assassin Me prenant en son sein ; Mais la hutte de neige De la mort me protège ; Avec une esquimaude, Je traîn...

Poème Classique

Je ne sais pas pourquoi mais je me désespère De vivre sans ressort pataugeant dans le doute. Je n’ai plus goût à rien, ai perdu mes repères, Dans un monde égaré en complet black-out. Et pourtant je voudrais relancer la machine ; Celle qui est grippée quand le moteur toussote. Serait-ce mieux ailleurs, faut-il aller en Chine ? Pour retrouver l’air pur et toutes nos marottes ? Inlassable refrain, on espère à tout-va Que la santé revienne avec grande candeur. On répète partout : « Et vous comme...

Poème Classique

Matin d’hiver Au plus froid du matin, la nuit s’efface enfin. Son ombre si troublante, en glissant lentement, découvre peu à peu le léger poudroiement qui tapisse de blanc l’aube dans ses confins. Dans le ciel endormi aux frontières du jour, la lueur opaline étouffée par la brume change les prés déserts en un glacis d’écume et les arbres givrés en elfes aux doigts lourds. A l’horizon gazeux per...

Poème Classique

Le piano, sur la plage, distille des doubles croches Il n’est pas un nuage, une vague, une écume il n’est pas un oiseau où mon coeur ne s’arroche Tes pas s’en sont allés se perdre dans la dune J’entends encore ces notes comme des mélodies Qui se vrillent à mon coeur et martèlent ma tête Qui t’emportent au delà, dans une symphonie Que je ne connais pas,que je n’ai jamais faite

Poème Classique

? Te souviens tu quand tu allais chercher ma soeur Ainée à l'école, portant son lourd cartable, Et que tu laissais la cadette, pauvre coeur, Porter le sien, avec un air si peu affable ? Te souviens tu alors comme il pleuvait des cordes ? Dans la deux chevaux, avec la grande, à l'abri, Tandis que la petite trimballait sa horde De rancunes, de tristesses et menus débris ! Te souviens tu comme nous étions bien trempées ? Ou était la gardienne des petits enfants ? Que faisait -elle pour être si ...

Poème Classique

Des raisons d’y croire encore… Ò poésie suprême j’ai besoin de mots rares Pour ne plus oublier la vacuité des sens. Je cherche malgré tout la nuit et le brouillard Afin de rendre muets les bruits dans le silence. Les murailles brisées dans un fracas d’enfer En tombant jusqu’au sol font un signe de croix. Pourquoi ces préjugés dont il faut se défaire ? Les martyrs convaincus bien sûr n’ont pas le choix. Le poète harassé ne cherche pas d’excuses ; Il se moque surtout des règles imposées. Désira...

Poème Classique

La glace est notre maîtresse Lorsque le gel nous saisit. La glisse est un beau tourment Quand l’hiver montre ses dents. La manne blanche caresse Un pays de fantaisie Qui recouvre sous l’or blanc Un hiver plein d’arguments. Quand la poudre enchanteresse Fait pâlir de jalousie L’éclat du bleu firmament, L’hiver est pour l’engouement. Le pâle soleil adresse Un sourire qui rosit L’humeur des gens mécontents Quand l’hiver prend tout son temps. Engourdi dans la paresse, La nature a son sosie Car d...

Poème Classique

… Étant exaspéré par une vie infâme Imposée aux humains dans notre société. J’ai renoncé à tout, au bonheur comme aux drames, Et vais chercher ailleurs une autre liberté. Mais quand le trouverai-je cet espace de vie Où règne la nature en toute plénitude ? Quelque part au Grand Nord ou en Scandinavie, Pays du bout du monde aux grandes latitudes… J’ai ouvert un atlas pour y chercher la ‘’perle‘’ Rare – possiblement – mais sans grande illusion. Une île abandonnée lorsque les vents déferlent Déçu...

Poème Classique

Noël en pointillé Dans un calendrier Est dans la queue d’un an Mais il rend rayonnant Un des derniers feuillets D’une année qui fuyait Durant des jours la brune1). Ô nuit inopportune, Triste page arrachée, Où t’es tu donc nichée ? Marquée de chiffres rouges, Elle éclairait mon bouge. Aux messes de minuit, Lorsque la lune luit, L’ombre aux milles lumières Éclaire les chaumières. Les cloches fanfaronnent ; Elles sont les couronnes D’une nuit qui cristallise Les chandelles d’églises Pointant leu...

Poème Classique

Je devais dire même si ça faisait mal, Il fallait le faire sortir de mes entrailles, Même si cela pouvait paraître anormal Fallait un jour ou l’autre combler cette faille. Il y avait comme un malaise indescriptible, Qui venait d’une prise de décision De la jeunesse qui semblait presque infaillible, Mais qui n’était qu’une simple dérision. Ma tante sans enfant a pris ma grande soeur, Nous a deshérité par cette conjoncture Et ce fut pour notre famille, un crève coeur, Même en essayant de garde...

Poème Classique

Puisque chacun suit ce même chemin Qu’il n’y a pas d’échappatoire au destin Qu’elle a frappé chacun des miens Et les a emmenés au plus loin Puisque je sens dans mon corps L’odeur de sa présence impromptue Je sais l’heure dernière venue. Qu’aurais-je dû être ? Qu’aurais-je dû faire ou dire ? Puisqu’on a qu’une vie avant de repartir Je n’ai qu’un seul désir Confesser cette vie trop imparfaite Il y a tant de choses que je regrette. Suis-je en plein délire ? Reviennent à moi tant de souvenirs Je...

Poème Classique

? J'aurais dû préférer le sac en paille offert Par ma tante, au lieu de la glace à la vanille. Petite, je n'avais pas encore souffert De la perte d'un souvenir de pacotille ! J'aurais dû profiter de mon adolescence, Au lieu de regarder la télévision ; Savourer les bienfaits de son effervescence, Saisir le sens de la moindre occasion ! J'aurais dû sortir avec des garçons, sous cape, Au lieu d'écouter les ordres d'un père aigri. J'aurais pleinement profité d'une soupape, Pour moi, pauvre cocot...

Poème Classique

La brume s’estompait figée dans le marasme ; Un cri aigu sourdait, n’étant plus qu’un soupir Figé dans la torpeur et rongée par les phasmes, Un remugle glacial bardé de repentirs. Un oiseau caquetait pour atteindre la cime D’une extase infinie qu’il avait négligée ; Il se trouvait trop près du gouffre ou de l’abîme Et prit de la hauteur pour mieux se dégager. L’enfant enchifrené a perdu son mouchoir, Espère le retrouver sous un monceau de feuilles ; Sa mère ne dira rien, elle rentrera tard Bi...

Poème Classique

Je ne quitterai mon mari qu'à notre mort, A la mienne ou à la sienne, peu nous importe ! Peu importe ce que disent les croque- morts, Nous, on a croqué la vraie vie entre deux portes ! Jamais bien contents, toujours en bataille, errants, Dans un grand match de qualité inférieure, Qui nous emmenait tels de simples vétérans, Vers le score nul d'une défense meilleure ! On a cherché tellement longtemps le bonheur, Eperdus de haine et d'amour enchevêtrées, Que l'on a pas su reconnaitre son odeur,...

Poème Classique

Des profondeurs d’un poème S’élèvent des chrysanthèmes Ils décorent les tombeaux Ils fleurissent les lambeaux D’un passé vaporisé Dans un souvenir usé. De la musique d’un vers S’élève la primevère Elle annonce le printemps Elle réchauffe le temps Des individus frileux Quand leur ciel est d’un noir bleu De la beauté d’une prose S’élève un bouquet de roses Qui chante le chant d’amour Et enjolive les jours De pétales colorés Par la joie de l’empyrée D’un poignant roman de gare S’élève le nénuph...

Poème Classique

De plume en plume,je me déplume les ailes, Fais jouer les consonnes avec les voyelles. Je m'amuse avec les mots et avec les sons, En me dépouillant de tout plus que de raison ! De plume en plume, je brode mon existence, Avec de la novice, la pure insolence . Me plais à manier le verbe avec succès, Sans craindre de marier la rime à l'excès . De plume en plume, je tire ma révérence, A ceux qui peuvent dire sans incohérence. Je regarde le monde entier avec sang froid, Au travers de ma plume qui...